Le monde de la culture chaumontaise s’indigne
L’annonce faite jeudi soir par Jean Castex de trois semaines supplémentaires de fermeture provoque l’incompréhension et la déception des acteurs du monde culturel. Ils espéraient accueillir à nouveau leur public mardi. Ce ne sera pas le cas.
Le monde de la culture pensait pouvoir lever le rideau mardi. Les professionnels l’espéraient. La séance sera malheureusement reportée. Cinémas, théâtres, salles de spectacle et musées devront patienter encore trois semaines. Face à la situation sanitaire qui ne s’améliore pas assez rapidement, l’État a tranché.
« Je comprends bien que l’idée est d’empêcher les flux incontrôlables et les personnes qui se regroupent dans un cadre festif mais ce n’est absolument pas le cas des établissements dont il est question. Ce sont sûrement les lieux les plus sûrs et sécurisés que l’on puisse trouver sur un territoire et ce sont précisément ceux-là à qui on interdit l’ouverture. C’est totalement absurde et incompréhensif. »
Paul Fournié, premier adjoint en charge de la Culture, ne comprend pas. Les acteurs du monde culturel non plus. « D’un point de vue sanitaire, ce n’est pas justifié. Ce n’est pas là que les contaminations se font. Cette décision va mettre à mal tout un secteur économique de poids. La culture et l’événementiel représentent l’exception culturelle française. Alors oui, ils sont essentiels », poursuit l’élu.
Heureux de retrouver leur public, ils s’étaient tous préparés. Le Nouveau Relax annonçait avec joie et impatience deux spectacles “Ersatz”, mardi et “Parbleu !”, jeudi. Les musées avaient prévu un programme familial pour les vacances scolaires avec ateliers et visites. Le Signe lançait sa nouvelle exposition avec workshops et visites guidées. Tout tombe à l’eau.
Manque de concertation
« Nous sommes déçus, comme tout le monde. On ne s’y attendait pas. On avait lancé notre programmation avec toutes les précautions d’usage. C’est décevant et fatigant. Depuis le début, on s’adapte, on décale, on refait la communication et on trouve des solutions. C’est un peu agaçant dans le sens où nous ne sommes pas un lieu qui accueille énormément de monde. Il n’y a pas de raz-de-marée, même si on aimerait bien. C’est un lieu avec de l’espace où il est hyper facile de mettre des choses en place pour assurer la sécurité de tous », déclare Clara Dubailly, chargée de communication du Signe, centre national du graphisme.
Les professionnels ont l’impression qu’il y a très peu de concertation avec les partenaires culturels. « Si on nous avait prévenus que l’ouverture ne se ferait pas avant janvier, on aurait pu mieux anticiper pour proposer davantage en ligne. Ce sont les vacances et on va priver les familles de beaucoup de choses. C’est vraiment dommage ! », ajoute la jeune femme.
Culture sacrifiée
« Encore une fois, on sacrifie la culture. Plus on avance et plus on est sur le fil. On ne sait vraiment pas comment on va aborder 2021. » Angèle Régnier, directrice du Nouveau Relax, s’interroge. Les reports sont reportés. C’est un véritable embouteillage. Tout en pensant aux programmations-reprogrammations, le Relax continue de donner rendez-vous à son public et aux artistes pour des résidences. L’équipe imagine des alternatives, comme le cadavre exquis, des capsules de spectacles, des interviews… Les PAG et les temps d’éducation artistique et culturelle se poursuivent également dans les établissements scolaires et petite enfance. Ce qui permet au Relax de rester visible.
Paul Fournié conclut : « C’est clairement une décision qu’il aurait fallu laisser aux préfets qui sont plus à même de se coordonner avec les maires pour faire du cas par cas en fonction des lieux, de la fréquentation, de l’espace… Quand on voit les statistiques de dépressions ces derniers mois, sans parler de la hausse des tentatives de suicide, je considère que ces lieux pourraient un peu rendre le sourire aux gens. Les lieux culturels font du bien à l’âme et à l’esprit. Ils sont indispensables. »
Julie Arnoux
j.arnoux@gmail.com