Le moindre mal – L’édito de Patrice Chabanet
Chaque libération d’otages donne lieu aux mêmes interrogations. Y a-t-il eu versement d’une rançon ? Est-elle disproportionnée par rapport aux enjeux ? Y a-t-il eu d’autres compensations ? La libération de Sophie Pétronin n’échappe pas à ce questionnement. Les réponses sont toujours les mêmes : la priorité demeure la vie de l’otage. Qui pourrait en contester le bien-fondé ? Pour le reste, chaque cas reste spécifique, sachant qu’on ne sait pas tout et qu’on ne saura pas tout. C’est la règle. En l’occurrence, c’est officiellement le Mali qui était à la manœuvre, même si on imagine mal la France tenue à l’écart des longs mois de tractations avec les ravisseurs. Il faut savoir en effet que le nouveau gouvernement malien avait ses propres intérêts de politique intérieure. Il entend promouvoir en effet une politique de réconciliation nationale. D’où la libération de plus de 200 prisonniers djihadistes. Visiblement, ce n’est pas le gouvernement français qui a suggéré cette monnaie d’échange…
D’une certaine manière, l’armée française engagée dans l’opération Barkhane se trouve prise à revers par cette libération massive. Parmi ces djihadistes il y en a peut-être qui ont tué des soldats français. Il y en aura aussi qui repartiront au combat. Mais on peut supposer – et espérer – que nos services de renseignement vont suivre de près cette cohorte de djihadistes, notamment certains responsables. Et ne pas les lâcher.
La meilleure solution, prôneront certains, serait de retirer du Mali nos troupes et les associations humanitaires. Mais ce serait donner carte blanche au terrorisme islamiste pour vampiriser le pays. Certes on éviterait les prises d’otages et la mise en danger de nos troupes. Mais pareil repli porterait la signature de la lâcheté.