Le métier de gendarme, une vocation pour Arthakon
Portrait. Naturalisé français en 2022, Arthakon Normant a intégré, en janvier, la 5e compagnie des gendarmes adjoints volontaires (GAV) de l’école de gendarmerie de Chaumont. D’origine thaïlandaise, il raconte son parcours personnel et professionnel.
En janvier 2024, la 5e compagnie des gendarmes adjoints volontaires (GAV) a pris ses quartiers à l’école de gendarmerie. Parmi les élèves, se trouve Arthakon Normant. Né en Thaïlande, le jeune homme de 19 ans a été naturalisé français en 2022. Souhaitant devenir gendarme, il a décidé de rejoindre la formation de GAV. Il raconte son parcours personnel et professionnel qui l’a mené à Chaumont. « Je suis né à Pak Phanang. Lorsque j’étais petit, ma mère travaillait dans un pressing pour subvenir à mes besoins. Je n’ai pas connu mon père biologique. Ma mère m’a proposé de le rencontrer plus tard. Sans animosité ni colère, j’ai refusé », raconte Arthakon Normant.
Un sapeur-pompier de Paris comme père adoptif
C’est à l’âge de 4 ans qu’il rencontre son futur père adoptif. « Il faisait un séjour en Thaïlande. Ma mère l’a rencontré dans le pressing. Pour l’anecdote, ils ont reçu un appel en même temps et ils avaient la même sonnerie. » Son père a fait partie de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris pendant 17 ans avant de devenir sapeur-pompier volontaire à la caserne de pompiers de Viroflay. « Arrivé en France à 8 ans, j’ai intégré la classe d’initiation pour non francophones (CLIN) avant d’aller très rapidement en CE2 classique ». De retour en Thaïlande en 5e, il n’y restera qu’une année.
« M’entendant moins bien avec ma mère, je suis revenu en France avec l’accord de mes parents. J’ai obtenu un bac général au lycée Louis-Bascan de Rambouillet ». Tombé amoureux de la France, de son histoire et de ses valeurs, le jeune homme a voulu obtenir la nationalité française. Bien qu’ayant passé dix ans en France, le chemin de la naturalisation est dur, mais la fin est heureuse. « Pour faciliter la procédure, mon père m’a adopté aux yeux de la loi en 2021. Quelques jours avant mon anniversaire en 2022, j’ai reçu comme cadeau la nationalité française. »
Les attentats du 13 novembre, le déclic
« Ce sont les attentats du 13 novembre 2015 qui ont été l’élément déclencheur de ma vocation de gendarme. Âgé de 12 ans à cette époque-là, j’ai été assister aux « marches hommages » à Rambouillet. Voir des milliers de personnes se rassembler malgré la peur, c’est impressionnant. Les interventions des forces de l’ordre m’ont impressionné. Leur courage et leur sang-froid m’ont inspiré. J’ai toujours ressenti le besoin d’être au service des autres. Le contact humain est essentiel pour moi. C’est un trait de caractère que m’a transmis mon père adoptif et qui m’a mené à vouloir devenir dans un premier temps un GAV. »
Pour intégrer l’école de Chaumont, Arthakon Normant a passé un examen de culture générale, un entretien et une visite médicale. « En attendant la réponse, j’ai travaillé quelques mois en restauration. Pendant dix jours, j’ai surveillé ma boîte mail. Un matin, la mère de ma copine m’a vu fixer l’écran de mon ordinateur. Au vu de ma réaction, elle a su tout de suite que j’étais pris à Chaumont ». Impatient de commencer la formation, l’Yvelinois est arrivé dimanche 7 janvier, soit un jour avant la date de rentrée.
« Ma première impression sur Chaumont est qu’il fait froid. Lors de mon jour de formation, il a neigé. N’ayant pas eu pour le moment de quartier libre, je n’ai pas pu me balader dans les rues chaumontaises, à part pour aller au fast-food. » La mission de GAV consiste à seconder les sous-officiers sur le terrain. Il travaille dans une brigade départementale et n’a pas de pouvoir judiciaire. « Le stage dure trois mois. L’enseignement élémentaire a pour objectif de sensibiliser les élèves à leur environnement professionnel en gendarmerie et de les former au maniement de l’arme de service, à l’emploi des moyens de télécommunication et à la mise en œuvre des techniques d’accueil. »
Devenir gendarme en Île-de-France, un rêve
« Je ne suis pas déboussolé par l’environnement, car j’ai reçu une éducation militaire. Je ne peux pas sortir de ma chambre sans avoir fait mon lit. Mon père m’a inculqué les valeurs militaires : respect d’autrui, être toujours volontaire et respecter son pays. Être résilient, adaptable et courageux font partie de mon ADN ».
Pour se préparer à la vie militaire, le jeune homme faisait des sorties de 50 km avec un paquetage de 20 kg avec cinq de ses amis et des parcours du combattant. « J’ai fait pendant deux ans du tir et du karaté. » À l’issue de sa formation, Arthakon Normant souhaiterait une affectation dans une brigade départementale des Yvelines pour pouvoir participer à la sécurité des Jeux olympiques de Paris. Son objectif est d’entrer dans une école de sous-officiers pour devenir gendarme.
Corentin Gouriou