Le méli-mélo des aides sociales
Un membre de l’association La Passerelle a passé le mois de décembre sans allocation. Pour cet homme, qui jongle entre deux emplois et les aides, les conséquences se sont tout de suite faites sentir et il a dû se serrer un peu plus la ceinture.
Depuis 2012, Cyril Oudin percevait l’allocation de solidarité spécifique (ASS). Néanmoins, en décembre, rien n’est arrivé sur son compte. Il est désormais éligible à une aide des allocations familiales. « Pôle Emploi l’a envoyé vers la CAF… et la CAF l’a renvoyé vers Pôle Emploi », explique Glawdys Gillot, technicienne en économie sociale et familiale à La Passerelle. Cette histoire de serpent qui se mord la queue, l’homme de 43 ans n’est pas le seul de l’association à la vivre. Francis, un autre bénéficiaire, se trouve dans la même situation.
En touchant l’ASS il est possible de travailler, mais il ne faut pas dépasser un certain revenu. Le membre de La Passerelle travaille en semaine pour Chaumont Habitat sur les espaces verts. Le week-end, il fait la plonge à l’école de gendarmerie. Bien que le motif de la suspension de son aide lui demeure flou, la cause viendrait de ses ressources. « Il ne faut pas avoir trop d’heures », indique Cyril Oudin.
Glawdys Gillot, qui l’accompagne dans ses démarches liées aux aides sociales à La Passerelle, ajoute : « Mêmes mes collègues et moi ne savons pas le nombre d’heures exactes qu’il faut. C’est un système assez compliqué. Nous ne comprenons pas tout ». Une chose est certaine, l’homme doit passer d’une aide à l’autre. De Pôle emploi, à la CAF. En effet, fidèles aux traditions, les aides sociales nécessitent de fastidieuses procédures administratives et il est parfois dur de s’y retrouver.
CAF et Croix-Rouge
C’est d’ailleurs ce manque de limpidité qui a pêché dans cette situation. Le bénéficiaire de La Passerelle affirme ne pas avoir reçu un courrier de Pôle Emploi. Mais de son côté Emmanuel Jacob, directeur de l’agence Pôle Emploi de Chaumont affirme : « Nous ne supprimons pas les aides comme ça ». Une notification d’arrêt de l’ASS a bel et bien été envoyée début novembre, mais Cyril Oudin n’en a donc pas pris note. Il s’est rendu compte de la suspension de son aide à ses dépens, sur son compte bancaire, en décembre.
« Il y a la prime de Noël [ndlr : 152 €]. Je pourrais boucler la fin de mois, mais difficilement. Et encore, il faut voir les agios », décompte Cyril Oudin. Ayant déposé un dossier de surendettement au mois d’août, il est déjà habitué à limiter fortement ses dépenses. « On est passé par la Croix-Rouge pour avoir des bons alimentaires », confie Glawdys Gillot.
« Je ne trouve pas de solution à mon problème », déplore Cyril Oudin. Néanmoins, sa situation s’est un peu décantée. Ce n’est plus Pôle Emploi qui lui versera une aide, mais bien la CAF. Pendant le mois de décembre, il a été reçu en entretien aux allocations familiales pour sa demande de prestation et il recevra le RSA. Il percevra en janvier une aide correspondant au mois de décembre. En attendant, sa fin d’année a été tourmentée.
« Il y a très peu de cas avec des délais entre les fins de droits au chômage et les prestations de la CAF », soutient le directeur adjoint de la CAF 52, Sébastien Wagner.
Julia Guinamard