Le masque de fer fait son entrée dans la galerie XVIIe
Répertorié dans les fonds muséaux peu après sa découverte fortuite, en 1855 dans une vente publique, le masque de fer a eu les honneurs des médias nationaux et internationaux. En revanche, les Langrois n’ont pas eu l’occasion de le voir exposé. C’est désormais chose faite.
Les inconditionnels de l’émission de Stéphane Bern, “Secrets d’histoire”, ont pu apercevoir ce masque de fer mercredi 18 janvier. Mais qui, à Langres, a eu l’occasion de le voir en vrai ? « Je ne sais pas s’il a été exposé dans un passé lointain », admet Olivier Caumont, conservateur des musées de Langres. Et pourtant il est reconnu comme étant LE masque de fer, et fait régulièrement l’objet de demandes d’informations du monde entier. En 2003, Langres est mentionnée dans le roman de Jean-Christian Petitfils, “Le Masque de fer, entre histoire et légende”. Il y décrit la fameuse trouvaille faite par la ferrailleuse langroise. En 2015, la BBC produit un sujet sur ce pan de l’Histoire de France et vient tourner à Langres. En 2019, il part à Cannes où il intègre une exposition consacrée au célèbre prisonnier de Louis XIV.
Le masque au deux cartels
Ce masque, minutieusement forgé, martelé dans une tôle de fer, est très impressionnant. Les contours des yeux, du nez, la finesse des traits sont remarquables. Tout autour du “visage” des trous réguliers, apparaissant au sommet et de chaque côté, rappellent qu’il ne s’agit pas là d’un masque d’ornement. Pour autant cela ne signifie pas qu’il ait été porté par l’homme au masque de fer. Une énigme qui laisse la part belle au mythe certes, mais l’objet en lui-même est d’une valeur considérable quand bien même il ne serait pas rattaché à l’Histoire de France.
« Il se situerait entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Aux XVIe et XVIIe siècles, il existait des masques d’infamie. Ils étaient créés pour être portés ponctuellement et publiquement pour des condamnations diverses, comme le mensonge, la délation, par exemple. C’est une pratique que l’on trouve surtout dans le nord de l’Europe. On en trouve peut-être quelques dizaines sur Internet en iconographie, mais ce sont des objets vraiment rares », explique Olivier Caumont, conservateur des musées de Langres. « Certains exemplaires de ce type de masque sont conservés en Europe, dont la forme se rapproche beaucoup de celui-ci. Le mythe du masque de fer lui confère une certaine valeur ajoutée. »
Installé dans sa vitrine, le masque est exposé avec deux cartels : un relatant une réalité archéologique et l’autre la légende du masque de fer. Un fait un peu exceptionnel pour un musée.
Patricia Charmelot