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«Le manque, les vomissements et les crampes»

En octobre 2008, les forces de l’ordre démantelaient un important réseau de trafic de stupéfiants alimentant le Nord du département. Concédant avoir écoulé plusieurs dizaines de kilos d’héroïne, sept prévenus ont été condamnés à des peines de prison ferme.

 

«Pendant mon apprentissage, on m’a offert de l’héroïne, j’avais seize ans et je suis rapidement devenu accroc. La drogue, ce n’est pas une vie. On y pense sans cesse et on est totalement coupé de la réalité. Le matin, il faut attendre que quelqu’un vous apporte une dose pour réussir à vous lever. J’ai consommé jusqu’à dix grammes par jour, je n’éprouvais plus aucune notion de plaisir, mon simple but était d’avoir de l’héroïne d’afin d’éviter le manque, les vomissements et les crampes». Les témoignages d’anciens toxicomanes valent toutes les campagnes de sensibilisation aux dangers de l’usage des stupéfiants. Les souvenirs des tristes vies de sept anciens junkies ont plané, quatre heures durant, sur des débats marqués par la sincérité et la clairvoyance de sept prévenus répondant de détention, d’importation, de transport, de cession et d’usage de stupéfiants.

Déclenchée le 12 avril 2008 suite à la découverte de plusieurs dizaines de grammes d’héroïne à l’occasion d’un banal contrôle routier, une instruction aura mis au jour les rouages d’un trafic alimentant le Nord du département. Placés en détention provisoire suit au démantèlement du réseau, Youssef Bensoussan, John Butler, Vadim Maslennikov, Henry Wotton, Bill Houston, William Lee et Jack Duluoz ont décrit avec minutie un mode opératoire commun à de nombreux dossiers. Confrontés à une profonde addiction et réduits à financer une dispendieuse consommation journalière, les sept prévenus n’auront pas tardé à multiplier les voyages en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. En contact avec deux trafiquants basés au Benelux, chacun ramenait chaque semaine plusieurs dizaines de grammes d’héroïne acquis à prix modique. Achetés 600 euros, les cent grammes de poudre atteignaient une valeur marchande de 4 000 euros une fois acheminés sur le territoire français. Multipliant les voyages, les prévenus auront importé «près de cent kilos» d’héroïne entre 2005 et 2008.

Prison ferme

«L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies distingue les trafiquants, dans ce dossier, nous avons affaire à des semi-professionnels, des consommateurs inondant le marché afin d’assurer leur consommation personnelle, soulignait le procureur Amouret. Le gramme d’héroïne est revendu 40 euros en France, les prévenus ont importé une centaine de kilos, soit quatre à cinq millions de chiffre d’affaires ! La France compte chaque année 450 décès par overdose et vous avez contribué à ce fléau ! Ces personnes ne roulent pas avec des bolides de marques allemandes, leur principal objectif était d’assurer leur consommation, mais un réseau a été mis en place et ces faits doivent être réprimés.» Le représentant du Ministère public requérait des peines oscillant entre deux et trois ans de prison à l’encontre de sept prévenus.

Après quatre heures de débats, le juge Thil prononçait des peines de prison ferme à l’encontre de Youssef Bensoussan (deux ans), John Butler (deux ans), Vadim Maslennikov, (18 mois), Henry Wotton (18 mois), Bill Houston (deux ans), William Lee (18 mois) et Jack Duluoz (18 mois). Les condamnés devront respecter une interdiction de sortie du territoire français d’une durée de trois ans.

 

«Un véritable piège»

Les avocats assurant la défense des prévenus ont livré de précieux éléments au fil de leurs plaidoiries. «Je n’avais jamais vu un dossier de ce type aboutir à l’interpellation de grossistes, deux frères installés aux Pays-Bas et au Luxembourg. Eux ne consommaient pas, ils se contentaient d’amasser les profits, a révélé Maître Tribolet. Avant d’être des délinquants, ces personnes sont des malades. Les hommes que vous avez devant vous ne seront jamais guéris, ils seront toujours abstinents et les longues peines de prison ne sont pas une réponse aux problèmes d’addiction.» Faisant siennes des observations de son «excellent confrère», Me Grosjean soulignait l’ancienneté des faits. «Ils sont tombés dans un véritable piège, mais ils ont grandi, ils ont muri et ont construits leurs vies familiales et professionnelles. Cette interpellation leur a ouvert les yeux et quatre ans plus tard, ils ont débuté de nouvelles vies», martelait l’avocat.

«Ces prévenus ne sont que des amateurs, poursuivait Me Charlot. Ils ont connu trois étapes. Après la découverte de l’héroïne, cette lune de miel, ils ont été confrontés à la gestion du manque avant de connaître la galère et une dépendance physique et psychologique de tous les instants. Les traitements de substitution constituent une solution, mais ils créent également une dépendance ! Sans un long séjour à l’hôpital suite à un accident de la route, mon client n’aurait jamais pu totalement se sevrer.» Assurant la défense d’un des prévenus, Me Laloz faisait état des efforts de son client. «Monsieur suit un traitement à la Méthadone et il s’est fait hospitaliser à Reims, indiquait l’avocate. Cette démarche n’est pas anodine quant on connait les délais et les efforts nécessaires pour intégrer ce type d’établissement !»

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