Le mal absolu – L’édito de Patrice Chabanet
La tuerie de Hanau n’est pas une surprise, à vrai dire. Elle illustre seulement la rapide dégradation du climat politique en Allemagne. Elle a eu lieu quelques jours après la neutralisation d’une cellule d’une douzaine d’hommes qui avaient pour projet des attaques contre des mosquées. La signature dans les deux cas est celle de l’extrême droite, avec une motivation identique, la xénophobie.
Il faut se faire une raison : quelque chose ne tourne plus rond en Allemagne. Le délitement de la classe politique, comme en France, libère de la place pour les partis extrémistes. Une partie de la droite traditionnelle, surtout au niveau des électeurs, est tentée par les sirènes de l’extrême droite. A ce jeu-là c’est toujours cette dernière qui tire les marrons du feu. Avec le temps, le passé nazi de la nation allemande se fait moins pesant, moins culpabilisant pour les nouvelles générations. L’histoire est réécrite au nom de la liberté d’expression. Les crimes commis pendant la dernière guerre sont occultés.
Pour le moment, la nation allemande ne craque pas. A la différence des années 30 son économie a les reins solides, avec un chômage quasiment inexistant. Mais des nuages apparaissent sur la croissance, ce qui rend l’avenir plus incertain. Angela Merkel sent bien la diffusion du poison extrémiste dans la société. Elle monte au créneau. Visiblement, elle est consciente que l’Allemagne a une responsabilité particulière liée à son passé indélébile. Première puissance économique, elle ne peut se permettre une nouvelle aventure. Cela dit, ses partenaires européens seraient bien avisés de balayer devant leurs portes : les thèses et les discours racistes s’y propagent allègrement. Les extrémistes allemands en tirent argument pour leur emboîter le pas.