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La dépouille de ce loup abattu en 1898 vers Soulaucourt-sur-Mouzon avait été exhibée, comme c'était la tradition.

Le loup et le lynx, le ton d’une fable, mais une réalité haut-marnaise

La dépouille de ce loup abattu en 1898 vers Soulaucourt-sur-Mouzon avait été exhibée, comme c'était la tradition.

Exploitant agricole retraité de Soulaucourt-sur-Mouzon, Michel Barret s’est forgé une connaissance trapue du loup. Qui continue d’attaquer des troupeaux, alentour. Il compare son comportement à celui du lynx, qui avait sévi à Montigny-le-Roi il y a 17 ans.

« Il y a 17 ans, c’était jour de foire à Montigny. Je repère un mouton à l’oreille mangée. Trois jours après, c’était un autre ». Si un lynx a été récemment vu en Haute-Marne, ce n’est donc pas la première fois, indique Michel Barret. À voir la manière dont les moutons avaient été entamés, « les chasseurs ont tout de suite désigné la marque d’un lynx ». Michel se souvient aussi de ce chevreuil « à moitié mangé ». Si celui-ci ne s’en était pas relevé, les moutons avaient survécu. « Le lynx est tellement isolé qu’il ne fait pas de carnage ». Pour se défendre des attaques de « cet animal grimpeur » (il se juche dans les arbres, NDLR), qui pouvait tout de même éreinter des cheptels, « on avait mis un lama ». Et du lynx, on avait été libéré. Quand le loup, qui ne quitte finalement pas la contrée, est « un opportuniste » autrement retors. Sept brebis en ont encore fait les frais fin février à Sandoncourt, et deux béliers, début avril, à Robécourt, à toute proximité de la Haute-Marne, côté Vosges. « Il a attaqué un lot de 12 béliers, faisant un mort et un blessé grave : la bête avait une bonne partie du gigot emportée ». Leur propriétaire a fait le pari de le faire recoudre et l’animal s’en est tiré. Il se souvient « il y a deux ou trois ans d’attaques à Sommerécourt et à Saint-Blin ». De son côté, Michel en a lui-même « vu un à la sortie du bois à Graffigny-Chemin, près de l’élevage de cerfs ». Il soutient qu’un loup a d’ailleurs été braconné. « Il faut 500 m2 de territoire à un lynx pour se fixer, quand le loup peut parcourir 80 km en une nuit ». Bref, le loup est autrement insaisissable, retient-on.

Loup apprivoisé

La louve de Tchécoslovaquie de Michel Barret (©JHM).

Michel Barret possède lui-même… un loup, apprivoisé, un loup tchèque précisément, appelé aussi chien-loup. « Il laisse les empreintes du loup, il a exactement sa mâchoire. Seul le port de queue les différencie : en fouet pour le loup tchèque, droite pour le loup tout-court ». Il s’agit exactement d’une louve, dont la marche dansante ne souffre pas la confusion avec un chien. Michel est fasciné par les loups depuis des dizaines d’années. « Un hiver du début des années 60, il faisait -20°C et on avait 40 cm de neige » Michel a alors 14 ans et il est un fidèle lecteur des épisodes de Croc-blanc adaptés en BD que L’Est républicain publie. « J’étais passionné et cette BD me laissait rêveur ». Alors qu’il est à l’école, le gamin apprend que deux loups ont été abattus dans la région -des loups de Bavière. Cette nouvelle lui glace les sangs. Il se met à engranger de la documentation sur l’animal. Il va continuer. Aujourd’hui, il en a accumulé une quantité impressionnante. En feuilletant un classeur de coupures de journaux, Michel est distrait par ses souvenirs. « En 2014, une louve de 7 mois a été tapée par une automobiliste, c’était à Graffigny ou Brécourt ». La conductrice avait emmené sa dépouille chez des propriétaires de chiens. « La DSV est venue ». Selon Michel, un « responsable » aurait alors invité à taire la nature de l’animal percuté. Il en est convaincu, le loup a toujours mauvaise presse. Pour sa part, il ne lui porte pas non plus une passion déconnectée de la réalité : il mesure les dégâts de cet « opportuniste » dans les élevages.

« Monsieur loup »

« Monsieur Loup est un ancien préfet de Haute-Marne ». Il s’agit en effet de Jean-Paul Celet, qui était le représentant de l’État dans le département de 2012 à 2016. « Quan j’entends que le loup est bon pour la biodiversité, je sursaute : et les moutons tués ? Si c’étaient les miens, je prendrais mon fusil. Moi, des indemnités (en compensation des bêtes mortes sous ses crocs), je m’en fous ».

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

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