Le lait sur le feu – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est peu de dire que la grogne des agriculteurs est surveillée comme le lait sur le feu par le gouvernement. Ça bout, pour le coup, tant du côté de l’exécutif que de nos paysans.
Chez les premiers, parce qu’avoir à gérer des… Gilets verts, version paysanne de ces Français qui s’affichaient jadis en jaune, s’apparenterait à rentrer dans une cruelle incertitude, quant à l’évolution d’un tel mouvement. Chez les seconds, la colère est tellement retenue depuis des années, pour ne pas dire des décennies, que les représentants du monde agricole l’ont annoncé tout de go : ils ne lâcheront rien. Ils n’en peuvent plus, ils n’ont rien à perdre. Ils ne veulent pas de promesses, mais des actes. Et à la rigueur demain, mais pas après-demain. Question de vie ou de mort, presque. De survie.
Le gouvernement l’a bien compris. Gérald Darmanin, si pointilleux sur l’autorité de l’Etat, n’a demandé aucune évacuation des lieux de blocage par les forces de l’ordre – l’A64 entre autres. Officiellement parce qu’aucune dégradation n’y a été constatée. Officieusement, sûrement, parce que faire intervenir les gendarmes s’apparenterait à mettre le feu aux poudres.
On le voit bien depuis quelques heures, sans être au bord de l’explosion, la situation est extrêmement tendue. Tendue seulement. Pour l’instant.
En début de soirée, le Premier ministre recevait des représentants des agriculteurs. Mais c’est sur des œufs qu’il marche, face à un mouvement qui pourrait s’étendre à grande vitesse dans toutes les régions de France. Et, crainte du gouvernement, aurait vite fait de dégénérer à la moindre maladresse politique, à la moindre réponse évasive à des problèmes précis.
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