Le K par K

Elle était espérée en “U”, redoutée en “L”, crainte en “W” et elle sera sans doute en “K”. La reprise économique après la crise sanitaire est attendue avec un esprit de survie pour les uns et une envie d’oublier cette mauvaise passe pour les autres.

Quoi qu’il en soit, même si les patrons semblent plutôt sereins à l’université du Medef grâce aux décisions passées et à venir prises par l’État, de nombreuses entreprises vont décrocher. Elles représentent la barre du bas du “K”. En fait, la vague économique qui va emporter des sociétés entières s’effectuera au cas par cas selon leur emplacement géographique (Paris plus touché que la province), selon leur secteur d’activité (le tourisme, l’aéronautique en berne et le bâtiment en forme), selon les évolutions techniques qui révolutionnent une profession et qui en poussent certaines dans un précipice. Par exemple, le commerce physique déjà à la peine dans les centres-villes est englouti par le commerce en ligne.

Mais, à travers ces lettres de l’alphabet, il est très peu question des salariés qui constituent le socle de ces entreprises. Personne n’en parle mais ils ont été beaucoup plus abîmés par cette période avec un contrecoup ou un effet post-traumatique attendu pour la rentrée.

Or, la rentrée, c’est demain. Les entreprises vont devoir faire face à des individus démobilisés empreints de doute sur leur existence, sur leur devenir et leur envie. Certains vont décrocher. Certains vont changer de comportement et certains vont se mettre en danger avec des attitudes jusqu’au-boutistes.

L’État a pu panser les plaies économiques de la Covid-19. Il ne peut rien faire pour les plaies psychologiques et les entreprises vont devoir s’en occuper, seuls, en serrant les rangs, en communiquant, en rassurant, en parlant. Pour certaines, il est déjà trop tard. Les dégâts sont latents tout comme en agriculture où la crise sanitaire n’a fait qu’accentuer les défaillances et les difficultés économiques et mentales.

Frédéric Thévenin