Le jour J – L’édito de Patrice Chabanet

Pas de démarrage sur les chapeaux de roue, mais le symbole reste fort : la bataille vaccinale contre le coronavirus commence aujourd’hui en France et chez ses partenaires européens. Trois Ehpad ont été choisis à Paris et en Bourgogne, histoire de procéder aux derniers réglages. Plus que l’administration du vaccin, c’est la chaîne logistique qui constitue le défi majeur. Maintenant on saura au fur et à mesure que la vaccination se déploiera dans le pays.

Il était temps. Le scepticisme et la défiance n’en finissaient pas de grimper dans les sondages : il n’y aurait que quatre Français sur dix à se prononcer en faveur de la vaccination. Dans le pays de Pasteur, ce chiffre fait désordre. La frilosité de nos compatriotes face à une innovation médicale inédite pour vaincre une pathologie elle aussi inédite peut se comprendre. L’hystérisation du débat autour de la crise sanitaire ne fait rien pour rassurer. Un peu (beaucoup) à l’américaine la voix des détracteurs sans légitimité scientifique est présentée comme l’égale de celle des spécialistes. C’est bon pour le buzz. Tant pis pour l’information.

L’apparition d’un variant du virus illustre cette dérive. La majorité des virologues et des infectiologues prend acte du phénomène mais se veut rassurante : sa propension à se propager rapidement n’indique en rien qu’il soit plus dangereux que la version normale. Et le vaccin n’aurait aucune difficulté à le maîtriser. Peine perdue. Les opposants à la vaccination repartent au combat, persuadés qu’on nous cache quelque chose.

Les pouvoirs publics n’ont pas d’autre choix que d’informer et informer encore. Il y aura forcément des effets secondaires, mais c’est le lot de tout produit pharmaceutique, à commencer par l’aspirine. La meilleure réponse viendra des faits. Quand des centaines de milliers de personnes auront été vaccinées, la contestation ne sera plus possible. Les chiffres parleront. Les sachants sont optimistes. Faisons-leur confiance.