Charles Bourlier en son jardin algérien
CES ILLUSTRES INCONNUS DE LANGROIS. Né le 5 avril 1830 à Langres, Charles Bourlier est tombé amoureux de l’Algérie, alors française, après y avoir réalisé ses classes militaires. Grand propriétaire terrien et passionné de botanique, il y fonde la très sérieuse Revue horticole de l’Algérie, et s’engage en politique en étant, durant treize ans, député d’Alger.
C’est au sein d’une famille historique d’agriculteurs que Charles Bourlier voit le jour à Langres, le 5 avril 1830. Son père, Pierre Bourlier et sa mère Elisabeth Forgeot sont établis à Torcenay, où la famille laboure des terres depuis des décennies. Si cet environnement familial conduit le jeune Charles à se passionner pour la botanique en général, et l’horticulture en particulier, il ne se destine pas à la reprise de l’exploitation agricole.
Après avoir effectué des études de médecine, il est affecté, en février 1859, à l’hôpital militaire de Dey, en Algérie française. L’année suivante, désormais partie prenante de l’armée, il participe, en tant que pharmacien en chef du corps expéditionnaire, à diverses opérations militaires. Tombé amoureux de l’Algérie, il décide de s’y établir, d’autant plus que le gouvernement lui octroie 38 hectares de terres cultivables, en récompense des services rendus.
Durant les années 1860 et 1870, il devient un important propriétaire terrien de la colonie, possédant entre autres, vers la fin de sa vie, pas moins de 3 000 ha sur les hauts plateaux du Sersou, ou encore 25 ha de vignes sur le plateau de Reghaïa, . Parallèlement, sa passion toujours ardente pour la botanique le conduit à fonder, dès 1860, la Revue horticole de l’Algérie, qu’il dirigera pendant plusieurs décennies. Parallèlement, il s’intéresse de plus en plus aux affaires politiques locales et devient, en 1873, membre du Conseil supérieur du gouvernement algérien puis, en 1875, maire Saint-Pierre-et-Saint-Paul, et conseiller général.
Charles Bourlier face à “L’Affaire”
Charles Bourlier est finalement élu député d’Alger en 1885, avec le soutien des deux principaux journaux de l’époque : Le Petit Algérien et Le Radical Algérien. Il le restera jusqu’en 1898. S’affichant clairement républicain et à gauche, il siège au sein du groupe de l’Union républicaine, emmené par Léon Gambetta. En tant que député, Charles Bourlier affiche toutefois une ligne modérée, s’investissant dans les débats sur la laïcité ou œuvrant au compromis entre les souhaits des Algériens et le gouvernement de Paris.
Les années 1890 voient la survenue de l’affaire Dreyfus et la montée de l’antisémitisme, particulièrement marqué en Algérie, et qui culminera avec les émeutes antisémites d’Alger au début de l’an 1898. Opposé à l’antisémitisme mais en porte-à-faux avec son électorat sur le sujet, Charles Bourlier préfère alors se faire discret. L’irruption à Alger comme candidat aux élections législatives du polémiste d’extrême-droite et icône des antidreyfusards Edouard Drumont, qui surfe sur les émeutes, le conduit à se retirer de la vie publique. Il meurt le 13 février 1903.
Nicolas Corté
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