Le Grand prix de la poésie de la RATP est de « chez nous », c’est Philippe Thivet
Enfant de Sarcicourt, Philippe Thivet, qui navigue entre l’Ile-de-France et Chaumont, a été désigné début juillet lauréat du Grand prix de la poésie de la RATP. C’est le deuxième Haut-Marnais à emporter cette distinction.
« On doit adresser un poème sous forme libre, d’au minimum 4 vers, sans dépasser 14 ». Philippe Thivet en a fait six, un jour qu’ils lui « passaient par la tête ». Comment y ont-ils été acheminés ? « J’ai écouté le jury de la présidente Jeanne Cherhal ». Eh beh oui… Après tout, l’attention est peut-être le premier ingrédient de l’inspiration. En tout cas, Philippe a écrit ses 6 vers « très vite ».
S’il est enclin à ficeler ses textes en mode plutôt presto, force est de convenir qu’il a bouclé celui-ci en accélérant encore le rythme, en clair en mode « aussitôt entamé, aussitôt bouclé ». Il a gagné « quelques recueils de poésie et la satisfaction que son poème soit affiché dans le métro (dans tous les modes de transport de la RATP, plus exactement, NDLR) ». Alors alors, comment va-t-il réagir ? « Quand je croiserai mon texte, je lui dirai bonjour ».
« Moi, j’écris des chansons »
« Moi, j’écris des chansons ». Philippe Thivet, qui est technicien de maintenance, refuse d’être considéré comme un poète. Ses textes, il veut avant tout et surtout les entendre en musique, on savait le rythme exhausteur de goût, il le fait ingrédient au même rang que les mots, c’est la prosodie qu’il étaie. Sans surprise, la lecture, l’écriture, la musique ( de la « chanson classique » gloutonnent son temps : Hubert-Félix Thiéfaine, Jacques Brel, Renaud…
Merci de ne pas lui servir la playlist de France Inter, diffusée durablement et à l’envi, il a peu d’inclination pour les affaires. Les randonnées à pied s’en mêlent, aussi. Philippe a écrit des textes pour le groupe de musique haut-marnais Casius Belli, à la faveur d’une rencontre. Des interprètes, il en d’autres. Il les a même un temps sollicités régulièrement et sans forcing, en leur expédiant des textes susceptibles de pouvoir bien leur aller. « Il y en a à avoir fait de belles choses ».
En revanche, ses envois ont baissé en systématisme, et il écarte maintenant davantage « les gens connus », d’autant que l’entre-soi, toujours prioritaire, les abreuve de propositions. Le plan qui consiste à « attendre des réponses avec fébrilité », Philippe Thivet s’en est lassé. Tendre vers un projet, d’accord, mais plus question que l’arc porte ses journées. Et il est plus quiet au quotidien, sans que ses textes perdent leur pouvoir de conviction. Tout dernièrement, il a collaboré avec le chanteur brésilien Márcio Faraco.
Loin de l’idée de Philippe Thivet de renverser la table. « Je change le monde quand je tiens la porte à la personne qui arrive derrière, disait Brassens ». Le grand chambardement, Philippe le voit tout près de chacun de nous.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr