Le grand bazar – L’édito de Christophe Bonnefoy
Quel bazar, mais quel bazar ! Ou quand la politique réussit à agglomérer ce que les Français – les électeurs, évidemment – exècrent. Pour l’anecdote d’ailleurs – ça devient tellement habituel… – Elisabeth Borne a dégainé ce mardi son vingt-troisième 49.3. Sur le budget 2024. Ça donne le ton des dernières 48 heures, sur la loi immigration cette fois, où le bâton a en permanence été tendu. Pour se faire rosser.
La motion de rejet par l’Assemblée du texte brandi comme un étendard par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a ouvert la porte au grand n’importe quoi. Entre réunions de crise qui succèdent aux réunions de crise, négociations surréalistes entre le gouvernement et Les Républicains ou encore menace de démission de ministres, il y avait, ce mardi, de quoi hocher la tête de dépit.
On savait pertinemment que le projet de loi immigration déchaînerait les passions. Mais d’un débat, nécessaire et en théorie constructif même si abrupt, on est passé à ce que certains dénonceront comme de petits arrangements politico-politiciens et à une sorte d’implosion générale. La discussion sur le fond – le contenu du texte – aura été desservie par la méthode, au bout du compte.
Le grand gagnant de l’histoire n’a pour le coup même pas eu à lever le petit doigt pour récolter les fruits du non-débat. Le Rassemblement national avait en toute logique annoncé vouloir voter pour un texte plus dur qu’auparavant et qui, comme l’affirme Jordan Bardella, représente en soi une « victoire idéologique » pour son parti. Peu importe, d’ailleurs, l’issue du vote et les suites que comptait y donner Emmanuel Macron.
La situation est confuse, ça n’est rien de le dire. Et ouvre potentiellement un boulevard à Marine Le Pen en vue de 2027. La crise, béante, n’a pas fini de faire des dégâts.
c.bonnefoy@jhm.fr