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Le gouvernement déclare Cigéo « d’utilité publique »

Le dossier de DUP avait fait l’objet d’une enquête publique vivement contestée en 2021. (Photo d’archives).

NUCLEAIRE. « Une avancée majeure pour le projet Cigéo », se félicite l’Andra. Un décret « scélérat  au service du nucléaire », s’insurgent les opposants. Le gouvernement français a déclaré ce vendredi le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure-Saudron « d’utilité publique ».

Jamais remis en cause par les gouvernements de gauche comme de droite qui se sont succédé depuis les années 90, le projet Cigéo d’enfouissement des déchets radioactifs a été déclaré d’utilité publique (DUP). Le journal officiel a publié ce vendredi 8 juillet le décret signé la Première ministre, Elisabeth Borne.

« Cette décision reconnaît l’intérêt général de Cigéo comme solution de stockage définitive des déchets les plus radioactifs produits par la France », se félicite dans un communiqué l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

« La déclaration d’utilité publique de Cigéo n’autorise pas la création du centre de stockage », explique l’Andra. « Cette autorisation pourrait intervenir à l’issue de l’instruction de la demande d’autorisation de création qui sera déposée auprès de l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) à la fin de l’année 2022 », ajoute l’agence.

« Nouvelle étape »

Cette DUP marque, pour l’Andra, « une nouvelle étape pour un projet de plus de 30 ans », destiné « à stocker à 500 m de profondeur dans une couche géologique stable depuis plusieurs millions d’années les déchets français les plus radioactifs. »

Dans ce communiqué, le directeur général de l’Andra, Pierre-Marie Abadie, commente ainsi cette décision : « Le projet Cigéo nous projette nécessairement dans un temps long, jalonné de nombreuses décisions à venir. Avancer sur Cigéo constitue une assurance pour les générations futures, dans un contexte climatique et sociétal incertain, sans pour autant préempter les décisions futures de politique énergétique ou les innovations technologiques et scientifiques ».

Colère des opposants

Dans un autre communiqué, la Coordination Stop Cigéo « exprime sa colère envers cette décision qui condamne un peu plus les territoires concernés ». Car selon les opposants, le projet « fait l’objet de toujours plus de remise en question d’ordre technologique et d’oppositions ».

Cette DUP, les opposants la pressentaient : « Il a suffi d’écouter le discours de politique générale d’Elisabeth Borne mercredi 6 juillet pour comprendre que ce n’était plus qu’une question de jours. Le discours sentait l’affolement financier, avec EDF dans le rouge et des centrales potentiellement prêtes à lâcher, criblées de fissures et de corrosion. Le retour à la maison pour l’ex-fleuron national atomique a pour seul objectif de faciliter le chantier de renouvellement du parc nucléaire. »

« Sort scellé »

Pour la coordination des opposants, « dans la logique gouvernementale, l’annonce de l’utilité publique de Cigéo était le corollaire de la relance du nucléaire. Son sort était scellé : comment annoncer la construction de nouveaux réacteurs sans solution de façade aux déchets ? »  

Stop Cigéo dénonce également le fait que cette DUP se double d’un autre décret actant une « Opération d’intérêt national également décrétée permettrait de déroger à certaines règles d’urbanisme en donnant tous les pouvoirs à l’État au détriment des collectivités locales ».

L. F.

Vers une extension ?

Selon la Coordination Stop Cigéo, la publication en février 2022 d’un « surprenant rapport » gouvernemental laisserait entendre que « le territoire de Bure est pressenti pour accueillir une extension de Cigéo », qui accueillerait les déchets des six réacteurs EPR 2. « Alors même que l’Andra n’a toujours pas prouvé la faisabilité de la première tranche de Cigéo, tant technologique que financière, un plan d’extension serait déjà à prévoir et budgétiser ! », alerte la coordination. Voilà pourquoi les opposants, qui organisent leur festival anti-nucléaire du 5 au 7 août près de Bure, envisagent, d’une part d’attaquer « ces décrets scélérats », d’autre part de se mobiliser.

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