Le flambé (ou voilier) : une splendeur de nos jardins
NATURE. Le flambé (Iphiclides podalirius linnaeus), qui tient son nom des flammes noires qui ornent ses ailes, est un papillon diurne spectaculaire qu’il est possible d’observer en Haute-Marne.
Ce lépidoptère paléarctique (zone de l’ancien monde en hémisphère nord) est l’un de nos plus grands papillons de jour ; l’envergure de la femelle est plus importante que celle du mâle et approche les 9 cm. Il s’agit d’un magnifique papilionidé du type “porte-queues”, à l’instar de son proche cousin le machaon.
Le flambé, de forme triangulaire, se distingue par ses longs vols planés qu’il effectue de la fin mars à septembre. Son aile antérieure présente six rayures noires disposées en éventail sur un fond blanc à jaune pâle. L’aile postérieure est marquée d’une bordure noire et de lunules (demi-lunes) marginales bleues, ainsi qu’un ocelle anal de même couleur. Celui-ci est cerné de noir et surmonté d’un arc orange.
Thermophile, le flambé est plus présent dans le Midi, mais la Haute-Marne constitue une de ses limites en remontant vers le Nord. Il apprécie les friches chaudes, sèches et pierreuses, les champs cultivés retournés à l’abandon, les lieux fleuris, les jardins de curé, les vergers et les bois clairs jusqu’à 2 000 mètres. Sa chenille se complaît sur le prunellier, l’aubépine et certains arbres fruitiers (pêchers, cerisiers).
Pour se reproduire, les flambés se regroupent au sommet d’un lieu élevé (tertre ou colline) pour y effectuer une ronde prénuptiale effrénée. Après l’accouplement, la ponte (150 à 200 œufs), qui s’effectue d’avril à août suivant les régions, est déposée au revers des feuilles d’arbres ou d’arbustes favoris. L’incubation peut s’étendre jusqu’à deux semaines en fonction de la température.
Souvent repliée sur elle-même, la chenille est d’abord noire puis devient verte et se confond avec le feuillage par mimétisme. D’ailleurs elle se nourrit surtout la nuit. D’une longueur de 4 cm, elle entre en phase pré-nymphale, puis se transforme en chrysalide au bout de deux mois sur sa plante hôte pour y passer l’hiver.
Migrateur dans la partie septentrionale de son aire, notamment en Europe du nord, le flambé peut produire deux générations par an, dont la seconde est plus claire. Protégé dans plusieurs pays d’Europe, il l’est également en Ile-de-France.
Comme tous les papillons, le flambé recherche les sels minéraux qu’il absorbe en filtrant l’eau à la surface de la boue en bord de rive. Le naturaliste suédois Carl Von Linné a répertorié le flambé en 1758 dans son ouvrage “Système de la nature”. Il lui a attribué l’épithète “podalirius” en référence à Podalire, héros de la mythologie grecque et médecin de l’armée achéenne lors de la guerre de Troie.
De notre correspondant Patrick Quercy