Le feu sacré – L’édito de Christophe Bonnefoy
Rien n’est fait, rien n’est joué, rien n’est gagné. Personne ne sait en fait comment se dérouleront les Jeux olympiques version française. En matière sécuritaire bien sûr. De la Seine pour la cérémonie d’ouverture, on passe à l’éventualité du Trocadero, voire du Stade de France selon les circonstances. Moins glamour que les promesses de départ. Dans le domaine purement sportif, là, nos athlètes se doivent de briller. Comme l’or qu’on espère les voir arborer à l’issue des compétitions. La question sociale n’est, elle, pas des moindres. La France est la France. Avec ses services publics. Et ses préavis de grève. Ou comment, peut-être, mettre en avant aux yeux du monde entier, mais pas de la meilleure des façons, nos spécifités.
Mais les Jeux restent les Jeux. Et ils ont ce quelque chose de magique. Ce quelque chose qui fait d’un rendez-vous sportif une parenthèse enchantée. Oublions quelques instants les ripostes éventuelles d’un pays contre un autre. Ces zones de conflit qui font craindre le pire. Ce pouvoir d’achat qui, pour le coup, en privera beaucoup d’une présence sur le lieu des compétitions.
Le départ de la flamme, ce mardi, avait quelque chose de régénérant, de pur. Comme le veut la tradition, la flamme a été rallumée à Olympie, à l’endroit même où se sont tenus les premiers Jeux il y a plus de deux millénaires. Ils n’avaient rien à voir avec ceux d’aujourd’hui. Mais tout de même.
Magique, aussi, notre championne presque hors catégorie, Laure Manaudou, qui se souviendra peut-être autant d’avoir balisé une partie du chemin jusqu’à Paris, que de ses glorieux titres.
Il ne faut pas se leurrer, les Jeux de 2024, comme ceux qui les ont précédés, sont régis par pas mal de choses… autres que le simple goût de l’effort. Mais cette image d’une flamme qui se ravive là où tout a commencé avait quelque chose de rassurant, de beau. Une occasion de mettre de côté, momentanément, tout ce qui nous oppresse.
c.bonnefoy@jhm.fr