Le fait accompli
Le prévisible est devenu réalité. Poutine a reconnu hier soir l’indépendance du Donbass. Une défaite pour l’Ukraine. Une défaite aussi pour l’Union européenne. Pendant des semaines, le président russe et ses diplomates nous ont endormis dans des palabres qui ont laissé croire à une désescalade. Il faut se faire une raison : il en est de la diplomatie russe comme de la diplomatie soviétique. Son principe de base : ne pas négocier ses propres positions, négocier celles de ses adversaires.
Poutine vient d’avancer un pion. Il attend maintenant la réponse de l’Occident. Elle ne sera pas à la hauteur de la décision prise par Poutine. Il y aura des protestations, c’est sûr. Les premières réactions enregistrées hier soir sont relativement modérées, d’où un certain soulagement : la guerre n’aura pas lieu. Des menaces de représailles sur le plan économique, il y en aura, c’est probable. Mais rien qui puisse faire reculer la Russie. L’indépendance des séparatistes est désormais inscrite dans le marbre. Des accords d’aide et de coopération ont d’ailleurs été signés dès hier. A y regarder de près ils pourraient autoriser l’intervention de l’armée russe au Donbass. La fameuse théorie des pays frères, celle qui permettait aux Soviétiques d’intervenir en Hongrie et en Tchécoslovaquie reste vivace. Rien de nouveau sous le ciel de l’Europe orientale.
Certains peuples de cette région du monde ont d’ailleurs de quoi s’inquiéter. C’est le cas des Etats baltes dans lesquels vivent d’importantes minorités russophones. Le succès de Poutine dans l’affaire ukrainienne peut l’encourager à bâtir une nouvelle grande Russie.
Patrice Chabanet