Le discours d’un roi – L’édito de Christophe Bonnefoy
On connaissait le prince. Pour résumer en une simple phrase : un Charles dans l’ombre de sa mère. On n’ira pas désormais jusqu’à dire, nous, descendants d’une monarchie tombée sous plusieurs révolutions, « Vive le roi !». Mais tout de même.
On avait laissé un homme à l’image quelque peu désuète, qui disons-le, prêtait souvent le flanc à une gentille moquerie, comme aiment en échanger Britanniques et Français. On retrouve, on découvre même, aujourd’hui, un homme d’État qui impose le respect.
Ce jeudi devant le Sénat, c’est l’esprit fin, le mot juste – en français, s’il vous plaît ! – que Charles III est venu célébrer une indéfectible amitié. Malgré les éternelles rivalités. Malgré l’amour vache, parfois. Malgré les tensions qui souvent se font jour.
La France ne confie plus son destin au bon vouloir d’un roi. Quoique, diront certains, mais c’est un autre sujet. Mais le prince Charles – le roi Charles III, pardon – a marqué de son empreinte sa venue dans notre pays. D’une certaine manière, il aura reprécisé, confirmé que nos Histoires sont intimement liées.
Avec cette forme très protocolaire et convenue qu’impose un discours officiel, évidemment. Mais non sans humour. Non sans un certain sens politique. Et avec une grande simplicité dans le message.
On pourra toujours discuter des modalités de sa venue, du prix de la bouteille ou du lieu d’un repas. Ça n’a pas manqué, d’ailleurs, après la réception donnée à Versailles.
Reste qu’en des temps assez flous, assez incertains au niveau international, il n’est pas inutile de rappeler les bases : les “vieilles” amitiés doivent être entretenues. Et les habituels équilibres renforcés. En quelque sorte, c’était un peu le sens, et du discours du roi, et des représentants des deux Assemblées : se souvenir du passé pour préserver l’avenir.
c.bonnefoy@jhm.fr