Le discours d’un pape – L’édito de Christophe Bonnefoy
On a eu jeudi le discours d’un roi. Et ce samedi, le discours d’un pape. D’abord au palais du Pharo, puis, sur un ton plus spirituel, au stade Vélodrome à Marseille, devant 62 000 personnes.
Si la grand-messe de François dans l’enceinte de l’OM s’est ainsi accompagnée des habituels messages de paix à l’adresse des fidèles, c’est surtout, quelques heures auparavant, en clôture des Rencontres méditerranéennes qu’il a clairement endossé le costume de chef d’État. Un peu moins d’homme d’Eglise. Un tout petit peu moins.
Au palais du Pharo, après une ode à la ville, à la région, à leur histoire, c’est bien sûr l’accueil des réfugiés qui a concentré l’essentiel de son discours. En présence, notamment, du ministre de l’Intérieur. Autant dire que la situation pouvait paraître quelque peu décalée. Pas drôle, ni cocasse, mais pleine de fines banderilles, alors que Gérald Darmanin se veut intransigeant sur la question. Dans l’idée : savoir accueillir ceux qui n’ont eu d’autre choix que de fuir leur pays pose les bases de la survie de nos civilisations. Politique, donc, avant d’être religieux.
Paradoxalement, le roi Charles III s’était livré à un exercice à la coloration très humaniste devant les membres de notre représentation nationale. Le pape y a donc ajouté la dimension politique. Certains auront dénoncé une ingérence. D’autres le souhait pour l’homme d’Eglise de simplement rappeler à la France sa tradition de terre d’accueil.
Chacun sa personnalité, chacun ses origines, chacun sa sensibilité, pourrait-on dire. Un pape argentin n’est pas un pape polonais. Un pape allemand n’est pas un pape italien. On connaît la ligne franche du pape François. On savait que la question des réfugiés, particulièrement ces temps-ci, serait un point central de son voyage à Marseille. Au-delà du côté très protocolaire et de la bienséance, pas sûr qu’Emmanuel Macron change vraiment son point de vue sur la question… Pour le coup, on verra bien quel sera, sur le sujet, le prochain… discours d’un Président.