Le difficile équilibre de l’aide à domicile
Social. La fédération ADMR a récemment fait le point sur ses activités. Ce que les salariés et bénévoles apportent en matière d’aide à domicile en Haute-Marne est essentiel. Tout le monde en convient. Sauf que côté finances, l’ADMR marche sur un fil.
Quelques chiffres parlent. Les associations ADMR de Haute-Marne, réunies au sein d’une fédération, ont effectué 251 899 heures de services et de soins auprès des seniors du département en 2022. Auprès très précisément de 2356 clients. L’aide aux personnes âgées est une activité essentielle en milieu rural : les services et soins, la livraison de repas à domicile (50 706 repas livrés en 2022 à 317 clients), la télé-assistance aussi.
Le plus gros de l’activité des associations ADMR est tourné vers les personnes âgées à domicile.
Pour autant, la fédération, présidée par Michel Huard, ne propose pas que ce service. L’accompagnement du handicap, l’aide aux aidants, l’enfance et la parentalité (garde d’enfants, micro-crèches, accueil collectif de mineurs, relais petite enfance) font aussi partie du panel de services proposés par l’ADMR. Mais c’est bien la question du maintien à domicile qui préoccupe aujourd’hui.
Les charges ne sont pas couvertes
La crise sanitaire a fait sortir ces métiers de l’ombre. Ils étaient en première ligne et sont devenus les indispensables du maintien à domicile, « certes moins reconnus que nos collègues de la santé mais tout de même un peu plus visibles et mieux aidés au niveau financier pour faire face à cette crise », a rappelé le président de la fédération départementale. Il y a eu fin 2021 la logique revalorisation financière… Mais l’écart a commencé à se creuser, Michel Huard parle de décalage, entre le prix de revient des services et les financements « qui devaient logiquement y être consacrés. » Et surtout, cette revalorisation salariale n’a pas eu les effets escomptés sur les recrutements.
L’avenant 43 n’a pas permis de voir arriver massivement « des aides à domicile dans nos métiers. » Ce contexte, marqué par des départs, a, de surcroît, généré des coûts, soit pour les indemnités de départ, soit pour les heures complémentaires qui ont dû être versées aux personnels qui ont travaillé plus. Résultat aujourd’hui et malgré d’âpres négociations avec les financeurs (Conseil départemental, caisses de retraite), « les taux de remboursements ne permettent pas de couvrir nos charges », alerte le président Huard.
Le différentiel payé par les clients
La partie APA (allocation personnalisée d’autonomie) accuse en 2022 un déficit de 260 000 € compensé en partie par des résultats excédentaires et par une reprise du déficit sur le budget 2024. Pour les prestations des caisses de retraite, elles génèrent un déficit de 265 000 € non compensable. « Pour survivre financièrement, nous sommes contraints en 2023 de facturer à nos clients le différentiel entre notre prix de revient et les taux nationaux de remboursement des caisses de retraite, mutuelles et assurances », a détaillé Michel Huard.
Objectif de l’ADMR : survivre et trouver des solutions financières pour maintenir l’existant. Une récente rencontre avec le président du Conseil départemental « qui a bien compris les enjeux et l’importance du maintien à domicile de nos aînés », a abouti à une dotation complémentaire de 404 000 €.
Du côté de la branche enfance et parentalité, les démarches sur l’avenant 43 ont aussi été laborieuses « avec les collectivités locales qui ont refusé la prise en charge des déficits. » « C’est la CAF qui nous a permis de mettre nos budgets à l’équilibre », a salué le président de l’ADMR.
C. C.
La revalorisation n’a pas stoppé l’hémorragie
L’avenant 43 (revalorisation salariale) n’a pas permis de faciliter les recrutements ou empêcher les départs. L’ADMR, comme toutes les autres associations qui travaillent dans ce domaine, le constate. Les chiffres ont été donnés lors de l’assemblée générale : en 2022, ce sont 123 salariés qui ont quitté la structure et 97 salariés ont intégré les effectifs, soit un solde négatif de 26 personnes. Par ailleurs, le taux d’absentéisme en 2022 a été de 27,04 % en nombre de personnes, soit 16,35 % des équivalents temps pleins. Le taux de départ de l’effectif a été de 24,64 %.
Des chiffres
L’ADMR en Haute-Marne a dressé une situation de ses interventions d’aide à domicile.
-89 % des clients se situent en milieu rural et réalisent 81 % de « notre activité ».
-Plus de 80 % des personnes les plus fragilisées par l’âge ou le handicap nécessitant de 2 à 4 passages par jour se situent en zone rurale.
-90 % des interventions sont inférieures à 45 minutes dont 67 % égales à 30 minutes : c’est dire le fractionnement des interventions dans une même journée.
-21 % des interventions se déroulent les dimanches et jours fériés.