Le démonstrateur du funiculaire Cigéo au banc d’essai
TECHNOLOGIE. Un bâtiment du site des Forges de Froncles accueille depuis janvier les essais de freinage du prototype de funiculaire destiné à descendre les colis de déchets radioactifs, lors de la mise en service de Cigéo. Une phase de tests qui s’achèvera en août.
Il a fallu refaire la toiture. Creuser une fosse. Transformer le bâtiment inutilisé des Forges de Froncles en site d’évolution d’un funiculaire, tel que celui qu’on rencontre par exemple aux Deux-Alpes ou à Tignes. Sauf que celui-ci aura une toute autre destination : « Il ne transportera pas des personnes mais de la matière nucléaire, et cela c’est nouveau pour Poma », explique Cyril Briancourt, responsable des essais de qualification pour l’Andra.
C’est en effet Poma, société française spécialisée dans « la mobilité à faible impact environnemental », qui a hérité du marché de conception et de réalisation de ce moyen de transport, qui circulera dans la descenderie du futur centre de stockage de déchets radioactifs Cigéo. « Avec l’ascenseur, ou l’automoteur, le funiculaire était un des moyens imaginés pour descendre les colis, et c’est finalement celui qui apporte le plus de sûreté », indique Cyril Briancourt.
Trois types de freinage
Les premiers essais du démonstrateur – une réplique à l’échelle 1 -, fabriqué à Gilly-sur-Isère, près d’Albertville, ont commencé il y a cinq ans, mais c’est depuis janvier qu’il a pris ses quartiers à Froncles, sur un site industriel dont la rénovation et l’aménagement ont coûté 1,650 million d’euros.
A plusieurs centaines de kilomètres de la Savoie, trois ingénieurs ou techniciens de Poma travaillent en permanence, avec les équipes de l’Andra, durant la phase d’essais de freinage du démonstrateur. Il s’agit, en Haute-Marne, de tester trois types de freinage : l’arrêt d’urgence, l’affaissement ou « affalage » du châssis sur les rails (« de par son poids, la machine freine », explique Cyril Briancourt) et le butoir.
En cas d’huile sur les rails
Les essais se sont faits graduellement : descente à vide, avec un poids de 100 tonnes, avec un poids de 130 tonnes. Les équipes de Poma et de l’Andra ont mis également en condition le démonstrateur en cas de perte de pièce, de présence d’huile sur la voie, voire de sectionnement d’un tronçon de rail ou d’un incendie de câble…
« Tout marche, tout est prouvé », assure le représentant de l’Andra, soulignant que le démonstrateur est « bourré de capteurs », pour mesurer la vitesse, la température, la jauge de déformation.
Cette phase d’essais s’achèvera en août. Un rapport sera alors adressé à l’Autorité de sûreté du nucléaire, qui a déjà eu l’occasion de venir à Froncles pour constater l’évolution des tests. A la fin de l’année, le bâtiment sera remis en état et rendu aux Forges de Froncles qui le louaient.
L. F.
Les caractéristiques du funiculaire
Le démonstrateur est à l’échelle 1 du funiculaire qui descendra une pente de 12 %, sur un dénivelé de 500 m, sur une voie de 4 200 m de long, grâce à un câble mesurant 17 kilomètres, du site de Bure jusqu’au sous-sol du Bois Lejuc où doit se situer la descenderie.