Le démon de la provoc – L’édito de Patrice Chabanet
Comme on pouvait s’y attendre, le conflit palestinien s’est invité dans le débat politique français. La polémique s’est enflammée avec l’annulation d’une conférence de Jean-Luc Mélenchon dans une université lilloise. La mesure avait été demandée par un ensemble d’organisations et de partis allant du centre à l’extrême droite. Il faut dire que le leader de La France insoumise, fidèle à sa stratégie de la provocation permanente, avait tout fait pour se faire remarquer et pour provoquer le buzz. Mission accomplie jusque-là.
Dans ce cas précis, c’est un logo qui a tout déclenché, avec un slogan « Libre Palestine ». Aucune référence à Israël. Qu’on le veuille ou non, l’Etat hébreu est littéralement effacé. Une intention consciente ou inconsciente qui nous ramène à l’Histoire et à des idéologies funestes. Et qui exhale la mauvaise odeur de l’antisémitisme. La maladie rampante de nos démocraties. Or on peut condamner la politique israélienne à Gaza, sans nier l’existence d’Israël.
Ce n’est pas la première fois que LFI emprunte le chemin tortueux de l’ambiguïté. Sa présentation du pogrom du 7 octobre reste un modèle du genre. Le Hamas était rangé, avec bienveillance, dans la catégorie des groupes de résistance. Une façon de légitimer l’innommable.
La stratégie est transparente : remonter la pente de sondages défavorables en s’attirant la sympathie des jeunes musulmans qui préfèrent en majorité s’abstenir en période électorale. Une instrumentalisation qui ne veut pas dire son nom. Cela peut rapporter quelques voix. Peut-être. Plus sûrement, cela creuse un peu plus la tombe de la gauche unie.