Le cynisme à la clé – l’édito de Patrice Chabanet
C’est certain, Vladimir Poutine n’a pas la victoire modeste. Non content d’avoir gagné au terme d’une course truquée il s’est permis d’évoquer – pour la première fois – la disparition d’Alexeï Navalny dans des termes qui donnent la nausée. « Oui, il est décédé, c’est toujours un événement triste ». Du cynisme à l’état pur quand on connaît les conditions de détention qu’a connues l’opposant russe. Cela donne une petite idée de ce qui nous attend dans les six années à venir, la durée de son mandat.
Sur le plan intérieur, il entendra moins que jamais partager une parcelle de pouvoir avec l’opposition. Par bien des côtés la Russie poutinienne glisse vers le versant stalinien. Même en pire selon certains observateurs qui notent que la Russie ne passe plus sous la coupe d’un parti unique mais sous celle du FSB. Autant dire que la répression va pouvoir se développer sans limite.
Sur le plan extérieur, le maître du Kremlin ne lâchera rien dans la guerre qu’il mène contre l’Ukraine. En témoignent son discours guerrier et l’augmentation rapide des capacités industrielles de l’économie de guerre russe. Kiev, malgré l’aide de ses alliés, est à court de munitions. Endormi pendant des décennies par une paix de façade, l’Occident a pris un retard qui ne peut être comblé en quelques mois.
Fort heureusement, les évènements à venir peuvent rouvrir les portes de l’espoir. Le fatalisme supposé des Russes ne sera pas éternel. La guerre saigne les familles. Autre perspective positive : l’avancée technologique de nos armes compense leur infériorité numérique. Il n’en demeure pas moins vrai que six ans de plus de Poutine, c’est pas la joie…