Le cortège du 1er mai à Saint-Dizier, un parfum d’humanité
Ils étaient plus de 1 700 dans les rues de Saint-Dizier à manifester en ce lundi 1er mai. Si le rassemblement revêt un aspect symbolique et politique au regard du contexte actuel, il permet surtout à des citoyens d’horizons différents de se retrouver. Rencontres, le temps du cortège.
De la musique, de la nourriture et du monde : tels étaient les maître-mots de ce week-end à Saint-Dizier. Que ce soit dimanche lors de la sixième édition du Festi’Quai ou lors des animations en marge du 1er mai. La fête des travailleurs et sa traditionnelle manifestation (lire en page 2) ont mobilisé les foules : plus de 1 700 personnes dans le cortège ce lundi, contre un peu plus de 50 un an plus tôt. Le contexte politique actuel explique en grande partie ce nombre conséquent.
Dans les rangs du cortège, on discute politique évidemment : « La mobilisation contre la réforme des retraites n’est pas terminée », comme le martèle l’intersyndicale à chaque rassemblement. Mais pas que. Mais une fois que chaque manifestant laisse place au citoyen qu’il ou elle incarne, les échanges varient. Grâce aux différents parcours, modes de vie, personnalités, centres d’intérêts de chacun.
Rencontres
Avant le départ, on croise Jean-Luc, d’humeur taquine : « Attention, il reste des confettis dans ta capuche ! » L’ambiance festive du carnaval de Wassy où il était 24 heures plus tôt, l’a inspiré pour donner le la avec trois casseroles : « Avec l’une, je peux taper sur les deux autres en même temps. » CQFD. A quelques mètres de là, la présence d’un jeune nous pousse à rencontrer Bertrand. L’univers musical reste au cœur des échanges : « J’ai été chanteur pendant vingt ans. Et je vais prochainement refaire un album ». Quelques minutes plus tôt, la nature des discussions portait sur la démographie. Le constat est sans appel : « Avant, les familles de quatre, cinq enfants, c’était la norme. Aujourd’hui, un c’est bien, deux c’est déjà beaucoup, alors que ça coûtait aussi cher. »
Le cortège est parti, nous rencontrons Éric. A l’approche de la rentrée scolaire qui le concerne particulièrement, il pense déjà à ses élèves. Des souvenirs marquants comme « la visite du Struthof », à leur faculté à « se fabriquer leur propre conclusion d’une situation historique », on ressent presque de l’admiration pour ces derniers.
L’arrêt devant le monument Jean-Jaurès nous permet de prendre de la hauteur : « C’est le meilleur endroit pour prendre des photos, n’est-ce pas ? », nous questionne une Éclaronnaise, qui prend des photos pour le plaisir. Précisons que la hauteur en question est le sommet d’un toboggan : « Pour redescendre, il faudra glisser », prévient la retraitée, avant de quitter notre tour. En bas, il y a Patrice qui évoque sa nostalgie pour le Pas-de-Calais : « La région audomaroise et ses canaux. En 2005, on faisait des balades en barque pour découvrir les marais. » Jean est plus en retrait, mais il scrute les moindres détails, étant dessinateur : « Il y aura sans doute une planche à faire sur la journée. Ce n’est pas une tradition purement bragarde, mais il y a des choses à raconter. Enfin, si j’ai le temps ! »
Le parcours se poursuit et s’achève au parc du Jard, où les barbecues commencent à chauffer avant le début des concerts. Les merguez vont bientôt s’y faire griller, et ajouter un parfum épicé après cette matinée qui sentait bon l’humanité.
Louis Vanthournout