Le combat d’une vie – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il y a ceux qui sont prêts à renier leurs convictions pour un maroquin ministériel. Talent politique en bagage ou pas, d’ailleurs. D’autres, qui croient mais pensent à l’envers. Autant dire qu’ils sont plus faits pour courir après le pouvoir que pour l’exercer.
A l’heure où l’on se demande si une ministre de l’Education nationale était vraiment faite pour ce poste – on a eu la réponse, en fait – et si celle qui la remplace est la plus à même de rétablir un dialogue pas loin d’être rompu, la mort de Robert Badinter resitue, quelque part, le niveau politique là où il aurait toujours dû être.
Pas besoin d’aller fouiller dans des temps oubliés pour se souvenir que Robert Badinter, c’est et ça restera ce combat acharné pour l’abolition de la peine de mort. Par conviction. Uniquement par conviction. Contre vents et marées. Et à une époque où les Français ne se posaient pas vraiment la question du bien-fondé de cette sentence ultime, chauffés à blanc qu’ils étaient encore par le meurtre d’un enfant…
Le 9 octobre 1981, sous le septennat naissant de François Mitterrand : on n’exécutera désormais plus en France au nom de la justice des Hommes, la loi est promulguée. Plus de 42 ans après, nos compatriotes sont toujours aussi divisés sur la question. Voilà qui montre à quel point l’avocat, puis ministre de la Justice, dut batailler. Pour des idées. Pour une idée.
Simone Veil. Robert Badinter. Des engagements combattus par certains avec rage. A tort, à raison, selon sa sensibilité. Mais une certaine, une grande idée de la politique. La politique au sens le plus noble du terme.