Le chef d’œuvre de Stan
Hier, Stan Wawrinka a remporté son deuxième Grand chelem
contre Novak Djokovic (4-6, 6-4, 6-3, 6-4). Le Suisse a enchaîné les coups gagnants pour inscrire son nom au palmarès à Paris. Pour le Serbe, trop tendu, c’est encore raté.
Hier, sur le Central, deux hommes avaient rendez- vous avec l’histoire. En effet, Novak Djokovic comme Stan Wawrinka voulaient plus que tout inscrire leur nom pour la première fois Porte d’Auteuil. Pour cela, l’un comme l’autre avaient éliminé du beau monde. Le N°1 mondial avait évincé pour la première fois le nonuple vainqueur, Rafael Nadal, puis Andy Murray, le N°3 mondial, qui était jusqu’ici invaincu cette saison sur terre battue. Stan avait aussi fait un sacré ménage dans son tableau, avec le scalp de son aîné Federer en quarts, puis celui de Tsonga, en demi- finales.
Le Serbe, plus habitué aux finales de Grand chelem, avec déjà huit titres en poche, partait favori, de par son expérience des grands rendez-vous, sa saison 2015 exceptionnelle, avec deux défaites seulement et son très large avantage dans les face-à-face. De son côté, le Vaudois, 9e mondial, gros puncheur, n’avait pas grand-chose à perdre, lui qui arrive pour la première fois ici en finale.
Le “Djoker”, pour sa troisième finale à Paris, commence mieux la partie, mais il ne parvient pas à convertir ses deux premières balles de break. La troisième est la bonne pour “Nole”, très solide du fond de court, comme à son habitude, sur une double-faute du Suisse (3-4). Le Serbe de 28 ans, sûr de son jeu, se procure deux balles de set. La première est magnifiquement sauvée par “Stanimal”, d’un passing en coup droit, tout comme la deuxième, d’un passing en revers puissant. Le Suisse obtient sa première occasion pour revenir à 5-5. En vain. D’un revers gagnant puis d’une faute en coup droit de Stan, le Serbe, qui passe 80 % de première balle, empoche la manche qui a été bien disputée (4-6).
Stan se rebiffe
Dans le deuxième acte, le “Djoker” continue son emprise. Mais Stan devient de plus en plus agressif et obtient à nouveau deux balles pour prendre le large. Il est trahi par deux fois par son arme fatale, le revers (2-2). Puis il en gâche une autre sur le jeu de service suivant du Serbe. Mais ce der- nier trouve pour le moment tou- jours la solution dans ce duel de titans. Après avoir encore manqué une opportunité, Stan, pas réaliste jusque-là, frappe plusieurs fois sa raquette dans le filet de dépit. Mais à 5-4, l’Helvète va enfin faire la différence. Djokovic enchaîne deux fautes en revers et explose sa raquette de rage, alors qu’une ramasseuse de balles était toute proche de lui (6-4).
Sur sa lancée, le Suisse, très entreprenant, est proche de prendre encore plus l’ascendant, avec trois balles de break d’entrée, mais le Serbe s’en sort. Pas pour longtemps. Stan, avec des coups gagnants de “mammouth”, des deux côtés, réussit un jeu parfait et prend le large logiquement, face à un Djokovic dans les cordes et de plus en plus énervé (5-2). Le Vaudois, très bon au retour, plie la manche tranquillement face à un Serbe complètement perdu sur le court (6-3).
Les rebondissements dans cet- te finale de grande qualité ne manquent pas. “Djoko”, sur la corde raide, prend les devants (0-3). Mais Stan est à l’affût et après un échange encore très long, le Serbe part encore à la faute (3-3). Le match est proche de basculer définitivement. Ayant deux balles de break à sauver, le Serbe s’en sort au filet. Puis c’est Wawrinka qui sauve trois opportunités, grâce à un revers, une volée puis un service gagnant (4-4). Stan réussit ensuite un jeu d’anthologie, avec des revers et des passings sur tous les angles (5-4). Après avoir obtenu une première balle de match, Stan, qui a réalisé 60 coups gagnants, soit le double de son adversaire, finit le travail sur un dernier revers (6-4). Son rêve est devenu réalité. Pour Djokovic, en revanche, c’est un nouveau revers frustrant dans un Roland-Garros qui lui échappe depuis tant d’années.
Nicolas Chapon