Le chas d’une aiguille – L’édito de Patrice Chabanet
Tout ça pour ça ? L’intervention télévisée d’Emmanuel Macron n’a pas convaincu tous ceux qui sont vent debout contre sa réforme des retraites. Et ils sont nombreux. Pourtant, il faudra bien sortir de ce blocage, institutionnel pour les uns, démocratique pour les autres. Autant tenter de faire passer un chameau par le chas d’une aiguille. Le processus à venir, quel qu’il soit, prendra du temps. Le chef de l’Etat a fait le pari des « 100 jours » pour desserrer l’étreinte de la crise actuelle. L’expression claque bien dans le discours, mais les références historiques la desservent. On pense bien sûr aux « 100 jours de Napoléon » qui se sont mal terminés pour l’Empereur des Français…
Ce mardi, changement dans l’échelle du temps. Emmanuel Macron qui recevait les organisations patronales, en l’absence des syndicats, a donné aux partenaires sociaux « « jusqu’à la fin de l’année » pour élaborer « le pacte de la vie au travail ». Soit 250 jours. Une perspective plus réaliste et plus « apaisante ». Elle permet surtout à l’exécutif d’espérer que les syndicats – du moins les réformistes – finiront par rejoindre la table des négociations. Pour le moment, la scène sociale reste prisonnière des postures des uns et des autres : personne n’entend céder, sauf à vouloir se renier et se discréditer. Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont le sentiment qu’ils viennent de faire un premier pas. Chacun voyant midi à sa porte, les syndicats estiment de leur côté qu’on est encore loin d’un début de solution. Leur ressenti durci par des semaines de conflit a nourri leur méfiance. Ils ne croient toujours pas à la parole venue de l’Elysée.