« Le chant des tourterelles » à Pythagore
Sema Kiliçkaya y était en dédicace ce samedi 19 novembre avec ce bel ouvrage paru en 2008 et réédité aux éditions In Octavo ; le roman qui y fait suite, «Le royaume sans racines» et qui a reçu en 2015 le prix Seligman, sera réédité aussi car il est aujourd’hui épuisé…
Dans «Le chant des tourterelles», l’histoire commence en Syrie, à Alep, en 1943, quand la belle Djémilé aux yeux verts perd son époux et part à pied avec ses cinq enfants vers sa région natale proche : Antakya. L’ancienne Antioche est ce pays riant et coloré où chantent les tourterelles et où voisinent, en bonne intelligence, mosquées, synagogues et églises. Mais, depuis 1938, la région appartient à la Turquie et la vie y devient difficile pour les minorités alaouites de langue arabe auxquelles appartient précisément la famille Gül…
Un très beau livre, écrit comme un conte, limpide et poétique à la fois, et qui nous dit tant de choses sur l’histoire de la Turquie, les façons de vivre en ce milieu du 20e siècle, les difficultés que rencontrent les minorités, l’irruption du monde des machines qui a déclenché l’exode rural et favorisé l’exil vers des pays lointains où il faudra se recréer des racines… une bel hommage aussi au savoir ancestral, à tout un monde de guérisseurs, de voyantes, d’oracles, de proverbes, qui répandaient une sagesse que le monde moderne ne reçoit plus.