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Le « capitaine Max », résistant entre le Jura et les portes de la Côte-d’Or

Paul Carteron (au centre) commandait le maquis d’Auberive. Photo communiquée par Jean Maire. (Collection club Mémoires 52).

Paul Carteron est l’une des figures les plus marquantes de la Résistance haut-marnaise. Mais l’homme a eu également l’occasion d’agir contre l’occupant en Franche-Comté et dans les Vosges.

Paul Carteron est né le 23 décembre 1911 à Coiffy-le-Haut, près de Bourbonne-les-Bains. Marié et père de famille, il exerçait la profession de cultivateur dans son village natal. De la classe 1931 (il a d’abord servi dans les chasseurs à pied), il est mobilisé en septembre 1939 au 305e régiment d’artillerie tous terrains (RATT). Fait prisonnier le 18 juin 1940 à Vitteaux (Côte-d’Or), il s’évade le lendemain. « Rentré dans mes foyers le 18 septembre 1940 avec de faux papiers, recherché en 1941, [je suis] passé en Zone libre, affilié à la passe des prisonniers par le Jura », explique Paul Carteron.

Entretemps démobilisé officiellement le 17 décembre 1941 dans l’Ain, le bouillant Haut-Marnais devient clandestin le 26 novembre 1942. De retour en Haute-Marne, et selon ses déclarations, il est nommé en février 1943, et sous le nom de « capitaine Jérôme », chef du secteur 426 (région de Bourbonne) du mouvement Ceux de la Résistance (Lorraine).

Tête mise à prix 

En réalité, c’est l’instituteur Gabriel Piot, de Beaucharmoy, qui avait la responsabilité de ce secteur, Carteron se chargeant plutôt de former et diriger des réfractaires vers le camp de Lamarche (Vosges). Après la dispersion de celui-ci (juillet 1943), « Jérôme » met lui-même sur pied un maquis, à proximité de Bourbonne-les-Bains, au lieu-dit Les Epinaies. Ce camp est appelé à déménager à plusieurs reprises, jusqu’à Marcilly-en-Bassigny. 

Ayant sa tête mise à prix – 250 000 F – par les Allemands, Carteron échappe à la capture le 29 septembre 1943, mais la Feldgendarmerie tue à son domicile son agent de liaison Maurice Brédelet, de Laferté-sur-Amance. Paul Carteron retrouve alors le Jura, agissant dans ce département mais également dans les Vosges et en Haute-Saône. « Rentré en Haute-Marne en juin 1944 pour prendre le commandement du groupe de démolition départemental », Carteron, devenu « capitaine Max », transforme cette unité en maquis Max (maquis d’Auberive).

Libérateur de Langres

Avec ce maquis, l’un des plus importants en Haute-Marne à cette époque (près de 600 volontaires), »Max » réceptionne un parachutage sur le terrain de la ferme de La Salle, près de Praslay, et réalise des sabotages. Blessé le 16 août 1944 en service commandé, il entre dans Auberive le 30 août 1944, repousse une attaque allemande quelques jours plus tard, puis mène une action hardie avec des parachutistes anglais à Foulain. Son maquis participe également au combat contre la garnison allemande de Châtillon-sur-Seine puis, surtout, à la libération de Langres.

Après ce fait d’arme, Paul Carteron met sur pied une compagnie de marche qui sera intégrée dans le 4e régiment de tirailleurs sénégalais en octobre 1944. Mais lui ne le rejoint pas. La paix revenue, Paul Carteron est condamné par la justice pour des exactions commises par ses hommes à Auberive. Ce jugement suscitera un tollé dans le milieu résistant. Le maquisard en concevra lui-même une grande amertume.

Médaillé de la Résistance, homologué au grade de lieutenant, Paul Carteron, qui après guerre exerçait la profession d’entrepreneur de sciage puis celle de coutelier, est décédé à Rivière-les-Fosses en 1990.

L. F.

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