Le capitaine Lalande, héros de Saint-Dizier

Son nom a été donné à une petite rue du centre-ville de Saint-Dizier. Son portrait figure en bonne place sur le monument du siège de Saint-Dizier. Avec le comte de Sancerre et l’ingénieur italien Girolamo Marini, le capitaine Lalande est un des héros de ce mémorable fait d’armes qui, en 1544, a eu pour cadre la cité bragarde où ce vaillant soldat a perdu la vie.

On sait peu de chose, finalement, de la vie du capitaine Lalande. De son vrai nom Eustache de Bimont, il serait né à la fin du XVe siècle. Etait-il Picard ou originaire de l’Artois ? L’un des plus célèbres historiens du siège de Saint-Dizier, le député Albin Rozet, n’a pas tranché. Marié avec la fille du seigneur de Colembert, Bimont semble avoir commencé sa carrière militaire en 1519. A cette époque, il se bat aux côtés des Danois contre des Suédois révoltés. Trois ans plus tard, il commande 500 hommes de la garnison de Hesdin.

Lieutenant du roi

Son nom de guerre était « capitaine Lalande ». Mais à cette époque, le grade de capitaine ne correspondait pas à la signification d’aujourd’hui. Pendant la Renaissance, un capitaine pouvait commander jusqu’à 1 000 ou 2 000 hommes.

C’est ainsi qu’en 1543, Eustache de Bimont est à la tête d’un millier d’hommes de pied appartenant à la Légion de Picardie, l’ancêtre du plus vieux régiment français toujours en activité (le 1^er régiment d’infanterie). C’est durant ces opérations, contre l’empereur Charles Quint, que Lalande s’illustre, en qualité de lieutenant du roi, lors du siège de Landrecies. En récompense de sa vaillance, François Ier le nomme maître d’hôtel.

Boulet de canon

Durant l’été 1544, Lalande reçoit l’ordre de rejoindre la petite garnison de Saint-Dizier. La ville se trouve en effet sur le chemin des troupes de Charles Quint, qui progressent en Lorraine.

Venu avec 300 hommes (selon Rozet), cet homme du Nord se pose en second de Louis de Bueil, comte de Sancerre, commandant de place au nom de François Ier. Il n’aura guère le temps de s’illustrer. Le 13 juillet 1544, précise l’historien-député, un boulet de canon tue le militaire alors qu’il se reposait dans sa chambre, que la tradition locale situe place Emile-Mauguet (place du Petit-Bourg). Soucieux de ne pas démoraliser sa garnison, Sancerre cache à ses troupes ce décès. Trois jours plus tard, soldats et habitants repoussaient vaillamment les assauts des soldats espagnols et allemands. Quelques semaines plus tard, la garnison se rendait.

Gentilhomme

« Homme d’une rare valeur », selon le chroniqueur impérial Hieronymo Ferfuffino, Lalande repose dans la cathédrale de Laon (Aisne). Sur sa pierre tombale, il est inscrit : « Ci-gist le belliqueux Eustache de Bimont, seigneur de Lalande, maître d’hôtel du roy, gentilhomme de la maison de monseigneur d’Orléans, capitaine de mil hommes de la Légion de Picardie, qui trépassa à Saint Disier (sic) le 13 juillet 1544. Priez Dieu pour lui. »

L. F.