Le capitaine de Chaumont Daniel McDonnell quitte le navire

Il aurait certainement souhaité que ce moment se passe tout autrement. Voilà déjà quelques mois que le capitaine du Chaumont VB 52 Haute-Marne, Daniel McDonnell, avait pris sa décision. A son image d’un joueur aussi discret que talentueux, il ne l’avait pas clamé haut et fort sur tous les toits : mais il avait prévu d’arrêter sa carrière au terme de cette saison.

Mercredi soir, dans une salle Robert-Grenon qu’il a bien connue et où il a conquis son premier titre de champion de France en 2014/2015, il est resté de longues minutes prostré sur sa chaise au coup de sifflet final, accueillant avec le sourire forcé d’un perdant d’une demi-finale de championnat de France, les compliments sincères de quelques personnes au courant de sa décision, venues le féliciter. Puis, il s’est levé, se dirigeant vers le vestiaire dans un anonymat indigne du joueur qu’il a été, et qui aurait certainement mérité un hommage plus vibrant, sous le maillot chaumontais certes, mais dans un club d’Indre-et-Loire où il a laissé un souvenir si présent dans le cœur des supporters.

Quand il s’est arrêté, comme toujours avec la même disponibilité, au bord de l’aire de jeu, il n’a pu retenir ses larmes à la première question posée. « J’aurais tellement aimé que cela se passe autrement sur le terrain pour mon club. Bien sûr que c’est le sport, qui est fait de victoires et de défaites, mais j’aurais aimé quitter tout cela dans une autre ambiance. » Avec un titre de champion supplémentaire qu’il a cependant déjà gagné également sous les couleurs haut-marnaises en 2017, lors du premier de ses trois passages au CVB 52 (2016/2017, 2020/2021 et 2023/2024), restant à jamais parmi les acteurs qui ont apporté ce premier titre historique au club chaumontais.

Mais si un sportif sait lorsqu’il est temps pour lui de laisser définitivement son maillot aux vestiaires, il ne peut jamais prévoir quelle issue l’attendra au terme de son dernier match.

« Des visages qui me reviennent ! »

Mercredi soir pourtant, Daniel McDonnell a livré une vraie belle dernière prestation. Certainement le joueur le plus impactant de son équipe, avec son compère et compatriote du centre Patrick Gasman, l’Américain a marqué de son empreinte cette demi-finale retour. « On était si proche lors des trois premiers sets ! C’est vrai que Joseph (Worsley) nous a beaucoup sollicités au centre. Je ne sais pas si c’était vraiment une stratégie établie, mais cette saison, nous étions un trio vraiment performant dans ce secteur. Je pense qu’il était normal que l’équipe s’appuie aussi sur nous. »

Malheureusement pour les Cévébistes, la formule n’aura pas été aussi bénéfique qu’escomptée, avec cette deuxième défaite à la clé consécutive face à Tours qui prive le CVB 52 de la finale. Seize ans après ses premiers pas dans le championnat universitaire américain et douze ans passées dans le monde professionnel, en Finlande, au Brésil, en Pologne, en Turquie et, bien sûr, ses cinq saisons en France (à Tours, Tourcoing et Chaumont), l’élégant central chaumontais peut regarder fièrement derrière lui. « Ce ne sont pas forcément des souvenirs de jeu qui me viennent en mémoire immédiatement, mais plutôt des visages de joueurs, de partenaires, d’entraîneurs, de dirigeants… J’ai vécu de belles choses sur le plan relationnel. Le volley m’a permis tout cela. C’est difficile de faire le tri ! »

En essuyant quelques larmes qui ne peuvent s’arrêter de couler dans un sourire qu’il ne quitte pourtant jamais. « C’est un peu un mélange de toutes les émotions qui s’expriment », avoue-t-il. « Il y a de la tristesse bien sûr pour cette défaite, mais également de la fierté et de la nostalgie. »

Mais l’Américain saura, c’est certain, tourner la page. Avec sa compagne et sa petite fille, une nouvelle vie l’attend. Avec, pourquoi pas, un retour à Chaumont pour une petite visite de temps en temps. « Je reviendrai jouer comme libéro dans quelques années ! », plaisante-t-il avec un large sourire qui ne l’a jamais quitté durant ses années chaumontaises, à l’image de l’homme qu’il est : professionnel, jovial et humble : Merci Dan !

L. G.