Le business d’abord – L’édito de Patrice Chabanet
our son premier voyage officiel à l’étranger, Donald Trump a décroché la timbale : 380 milliards de dollars d’accords avec l’Arabie saoudite, dont le tiers en commandes militaires. Assurément, l’ancien promoteur immobilier est meilleur dans le business qu’en politique. Il n’est pas sûr pour autant que ce succès commercial lui fera oublier le marécage dans lequel il s’enfonce dans son pays. Le spectre de la destitution devient chaque jour un peu plus net, avec des révélations embarrassantes sur le rôle de la Russie dans la campagne électorale. En attendant, le renforcement des liens économiques avec la monarchie saoudienne n’est pas sans conséquence politique dans une région du monde en proie à des conflits inextricables. Il renforce un régime dont on ne peut pas dire qu’il soit un parangon de démocratie. La peine de mort y est allègrement pratiquée, le rôle de la femme y reste moyenâgeux en dépit d’avancées mineures. Plus grave encore, le courant religieux dominant, le wahhabisme, sert de socle idéologique à Daech et al Qaïda. Visiblement, le businessman Trump n’est pas très regardant sur ces pratiques. D’ailleurs, il ne s’est pas étendu sur l’intérêt politique des accords signés à Ryad. Il a insisté sur les retombées pour l’économie américaine.
En revanche, les Etats-Unis ont déjà mis la pression sur le président iranien Hassan Rohani à peine réélu, en accusant Téhéran de soutenir le terrorisme et de mettre au point des missiles balistiques.
Certes, l’Iran n’est pas vraiment un modèle de démocratie, mais la société s’est libéralisée et c’est bien le candidat conservateur qui a été battu. Bref, l’Amérique de Trump joue la carte du pays qui a le plus gros carnet de chèques. Ce faisant, il exacerbe l’antagonisme entre sunnisme saoudien et chiisme iranien. Pas le plus sûr moyen d’apaiser la région.