Le brasir – L’édito de Patrice Chabanet
La Californie, terre de rêve, est devenue une terre de feu. Les incendies de forêts y sèment l’épouvante, effaçant la différence entre le jour et la nuit, entre la vie et la mort. Hier soir, les services officiels comptabilisaient une trentaine de victimes. Plus inquiétant encore : près de 230 personnes sont portées disparues. Les moyens déployés sont à l’échelle américaine : massifs. Mais l’ampleur de la fournaise les rend dérisoires. Les avions donnent l’impression de verser un léger filet d’eau dans le brasier. Les Californiens ne sont pas au bout de leur peine : la sécheresse qui transforme les forêts en produits hautement inflammables et la persistance du vent ne laissent pas prévoir la reprise en main de la situation par les pompiers. Les 200 000 habitants qui ont été évacués ne sont sans doute pas près de revenir chez eux.
En guise de remerciements pour leur dévouement les autorités locales ont reçu un tweet assassin de Donald Trump qui les a clairement désignées comme responsables de cette tragédie. Il a menacé de leur couper les vivres fédéraux pour leur mauvaise gestion des forêts. « Soyez malins », leur a-t-il conseillé. Bref, en politique intérieure comme sur la scène internationale, le président américain ne peut pas s’empêcher de se déplacer comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. En réalité, la Californie est victime du réchauffement climatique dont Trump continue à nier la réalité. Les forêts, beaucoup plus vastes que celles de nos régions méditerranéennes, sont donc plus exposées au risque d’incendie. Sans oublier toutes ces demeures nichées au cœur des bois. C’est certainement plus bucolique, mais beaucoup se sont retrouvées encerclées par les flammes. Au fil des années, et pas seulement en Californie, les Etats-Unis prennent conscience qu’un adversaire coriace les défie : la Nature. Les méga incendies succèdent aux ouragans et aux inondations. A Miami, en Floride, certains appartements en rez-de-chaussée ne seront plus habitables dans un avenir proche. Et ce n’est pas une fake news…
Publié le 13 novembre 2018