Le bout du tunnel pour Benoît Paire
Benoît Paire, 25 ans, redescendu à la 71e place mondiale, après des gros pépins physiques, s’est hissé hier au deuxième tour de Roland-Garros contre Elias (5-7, 6-3, 4-6, 6-4, 6-2). L’Avignonnais, qui n’a rien perdu de ses qualités de showman, avec au passage une raquette cassée, retrouve des couleurs après avoir mangé son pain noir.
Le garçon, connu pour son très fort caractère, a un parcours atypique dans le milieu. En effet, il faisait partie des meilleurs français étant jeune, puis à 15-16 ans, il n’eut plus envie d’aller à l’entraînement car il dut choisir entre ses deux passions, le tennis et le football, qu’il a pratiqués pendant plu- sieurs années dans le club du Pontet. Il finira par trancher pour le tennis, initialement pratiqué pour se détendre. Il sera ensuite repéré puis viré par le giron fédéral. Mais la chance va finir par lui sourire avant de lui refaire un pied de nez.
Alors qu’il surfait sur la vague du succès et qu’il était 24e mondial, avec deux finales à Belgrade et Montpellier, Paire a été fauché en plein vol par une fissure au tendon rotulien sur- venue l’an passé. A son retour, début 2015, retombé dans les profondeurs du classement, le Sudiste est repassé par la case Future avec une victoire à Bressuire et deux titres sur des Challengers (Bergame et Quimper). Petit à petit, il est revenu au classement.
Mais il vise plus haut que son classement actuel. Hier, sur le court N°1, en forme d’arène, il a pris le dessus en cinq manches sur le Portugais Gastao Elias (N°152). Mené deux manches à une, face à un joueur qui sortait des qualifications, Paire, qui avait le public dans sa poche, a retourné la situation malgré pas mal d’inconstance. «Je suis très content. J’aurais préféré gagner en trois ou quatre sets mais le plus important est là. Je me suis accroché, ce qui m’a permis de le breaker plusieurs fois au set déci- sif. C’est ma première victoire en cinq sets ici. Je suis content de m’être battu. Je n’ai jamais bais- sé les bras», a glissé le Français.
Duel de fous contre Fognini
Son énorme cri de joie à la fin du match faisait en tout cas plaisir à voir. Au prochain tour, Benoît Paire va retrouver un joueur aussi fantasque que lui, l’Italien Fabio Fognini, tête de série N°28. Nul doute que ce duel vaudra le détour, plus pour la pièce de théâtre que les protagonistes devraient proposer que pour le tennis à proprement parler, et ce, même si ce sont deux talents à l’état pur. «Cela m’excite de jouer contre Fabio. C’est fantasque, j’aime ça. J’adore son jeu. Il est particulier mais je vais devoir faire abstraction. Je pense qu’il est plus fou que moi, même si je suis bien touché quand même. Il est capable de faire n’importe quoi. Il a battu Nadal deux fois cette année. J’espère arriver à mieux jouer et être plus libéré. Il va falloir gagner ce match même s’il pète les plombs ou si c’est moi qui m’énerve.» Cela promet !
Nicolas Chapon