Le bouffon et le cynique – l’édit de Patrice Chabanet
Avec ces deux-là, le comique reprend le dessus sur la dureté de la réalité et sur ses drames. Voir côte à côte le bouffon bouffi, Kim Jong-un et le cynique impavide Vladimir Poutine a quelque chose d’hallucinant. Courageux mais pas téméraire, le dictateur nord-coréen ne se déplace qu’en train, blindé cela va de soi. Il a un faible pour les démonstrations de force avec des défilés gigantesques. Il fait parader son armée comme un gamin déplace ses petits soldats. Dernière facétie du personnage : il contraint son homologue russe à se déplacer au fin fond de la Sibérie. Son objectif à peine déguisé : accéder au sommet de la pyramide des pays qui comptent, avec la possibilité de disposer de l’avantage russe dans les technologies militaires.
Dans ce jeu de dupes, le maître du Kremlin compte s’assurer le soutien d’un allié qui a l’avantage de posséder des stocks de munitions à revendre. La guerre en Ukraine est vorace en hommes et en armes. On n’en sent plus la fin proche. Deux pays observent le déroulé de ce film médiocre : la Chine et les Etats-Unis. Pékin toise l’ex-grande Russie dans le rôle du mendiant utile. Washington savoure la dégringolade de son challenger d’hier. Ce qui n’empêche pas les Américains de rester l’arme au pied dans une région du monde propice à une déflagration à cause de Taïwan. Quand des responsables militaires d’outre-Atlantique promettent à la Corée du Nord la destruction totale de son armée en cas d’agression, il faut les croire. Derrière ses rodomontades, Kim Jong-un en est sans doute conscient. La guerre n’a rien à voir avec des défilés réglés au cordeau.