Raphaël Corre : le bleu lui va si bien !
Après deux étapes sur trois, l’équipe de France est actuellement leader du classement de la Ligue des nations et bien placée pour accéder à la phase finale. Parmi les Bleus, Raphaël Corre, le passeur du Chaumont VB 52 Haute-Marne, a su tirer son épingle du jeu.
Chacun son tour ! Lors de la Ligue des nations, actuellement disputée par l’équipe de France et préparatoire aux championnats du monde (du 26 août au 11 septembre), le groupe France élargi se modifie au fil de chaque session de compétition. Raphaël Corre a ainsi participé aux matches disputés au Canada et aux Philippines, et laisse désormais sa place aux deux passeurs “titulaires”, Benjamin Toniutti et Antoine Brizard, pour la fin de l’épreuve. Une aventure d’un mois et demi avec les Bleus que le passeur du Chaumont VB 52 Haute-Marne a particulièrement apprécié.
JHM Quotidien : Après deux étapes de Ligue des nations, quel bilan tirez-vous des performances de l’équipe de France ?
Raphaël Corre (passeur de l’équipe de France et du CVB 52) : « Même si cette compétition est surtout axée sur le travail préparatoire au championnat du monde, force est de constater que sur le plan des résultats, nous avons été au rendez-vous. La France est première au classement, la qualification pour le “Final huit” est plutôt bien engagée. Mais le plus important, c’est que malgré le “turn-over” voulu par le nouveau coach (Andrea Giani) au niveau de l’effectif, l’équipe reste performante. Les “sept” de départ évoluent mais les victoires s’enchaînent. »
JHM Q : Comment expliquez-vous justement cette constance dans la performance ?
R. C. : « Il y a bien sûr les qualités individuelles, mais surtout une ambiance et une envie de travailler au niveau collectif qui sont primordiales. C’est vrai que les joueurs qui nous ont rejoints entre le Canada et les Philippines n’étaient pas des novices (Benjamin Toniutti, Nicolas Le Goff…). Mais il existe une bienveillance entre nous qui, naturellement, facilite l’intégration de tous. Andrea (Giani) nous apporte un autre mode d’entraînement et des nouvelles méthodes auxquelles les joueurs répondent parfaitement. »
JHM Q : Cette étape aux Philippines a été marquée par le retour du Covid-19 et, notamment, le forfait des Chinois face à la France pour le premier match. Avez-vous subi le retour de nouvelles contraintes en raison de la situation sanitaire ?
R. C. : « Sportivement, ça aurait pu être très compliqué. Après que les Chinois aient annoncé leur forfait contre nous, les Allemands n’ont pas voulu les affronter deux jours plus tard. Mais au fil des jours, la situation s’est stabilisée, le retour à la normale au sein de la formation chinoise a contribué à reprendre le cours normal de la compétition. Nous concernant, nous étions dans un hôtel qui jouxtait directement un grand centre commercial. Nous sommes donc restés dans cette espace, sans jamais sortir à l’extérieur. Nous ne voulions prendre aucun risque. »
JHM Q : On parle justement de cette sélection chinoise qui pourrait intégrer la Ligue A à la rentrée prochaine. Que pensez-vous de cette opportunité ?
R. C. : « Sincèrement, je ne comprends pas ! Le championnat de France concerne les clubs français et je trouverais incongru de voir une sélection étrangère intégrer notre compétition. Cela demanderait des règlements spécifiques. Je comprends qu’on veuille augmenter la visibilité de notre volley national, et peut-être que la sélection chinoise permettrait cette ouverture. Mais je reste persuadé qu’il existe d’autres moyens un peu plus “locaux” pour réussir à promouvoir notre sport chez nous et hors de nos frontières. »
« J’ai pris du plaisir à chaque instant »
JHM Q : Pour en revenir à l’équipe de France et cette deuxième étape de la Ligue des nations, comment avez-vous trouvé le public philippin ?
R. C. : « On a pu s’apercevoir que les Philippins étaient très demandeurs en matière de volley. L’ambiance était extraordinaire, notamment face aux Japonais, très soutenus lors de notre troisième match. On a vraiment apprécié d’évoluer devant ce public enthousiaste. »
JHM Q : Personnellement, que retiendrez-vous de votre passage en Bleu cet été ?
R. C. : « Que du positif ! J’ai eu la chance de disputer deux matches en tant que titulaire (contre le Canada chez lui et face à l’Allemagne aux Philippines) et ça s’est plutôt bien passé à chaque fois. Malgré une courte préparation ensemble avant le début de la Ligue des nations, on a pu se rendre compte que le travail portait ses fruits. Quelle que soit la composition de l’équipe, je n’ai personnellement eu jamais aucun mal à m’adapter aux joueurs qui évoluaient à mes côtés. J’ai pris du plaisir à chaque instant, y compris sur le banc et lors de mes entrées occasionnelles sur les diffférentes rencontres. »
JHM Q : La qualité de votre service est devenue également une arme très efficace. Comment expliquez-vous cette progression dans l’efficacité sur ce geste précis ?
R. C. : « Le service est un geste qui demande de la technique mais également beaucoup de confiance. Au début de la saison dernière, je n’étais pas content de mon rendement dans ce secteur : je voulais trop assurer. Il y a un eu un déclic en milieu de saison. J’ai pris plus de risques en sachant que je savais le faire et qu’il fallait simplement que j’accepte les fautes qui pouvaient découler de cette prise de risques. La fin de saison avec Chaumont l’a démontré et c’est vrai qu’Andrea Giani, avec l’équipe de France, m’a fait confiance sur ce geste pour faire quelques entrées en jeu. Mais c’est aussi la conséquence d’une bonne forme physique. »
JHM Q : Le passage chez les Bleus est-il terminé pour vous cet été ?
R. C. : « Oui logiquement ! C’est ce qui était prévu. La doublette habituelle “Toniutti/Brizard” reprend sa place pour la fin de la Ligue des nations et sera, vraisemblablement celle prévue pour le championnat du monde. Personnellement, je suis rentré en France après un long voyage de 30 heures pour revenir des Philippines et revenir sur Rennes. Je vais rester avec mes proches dans la région, tout en me maintenant physiquement, puisque très vite, dès fin juillet, je serai de retour sur Chaumont pour la reprise début août. »
JHM Q : Ne ressentez-vous pas un peu de lassitude ?
R. C. : « Pas du tout, au contraire. Cette expérience avec l’équipe de France m’a fait beaucoup de bien. J’ai envie de retrouver le CVB 52 et un nouveau groupe qu’il va falloir apprivoiser, un jeu à mettre en place. Il y a du travail à faire avant d’entamer la saison et c’est assez excitant ! »
JHM Q : Andrea Giani vous a-t-il dit quelques mots à votre départ du groupe ?
R. C. : « Pas spécialement : on s’est juste salué. Mais je pense qu’il a été plutôt satisfait de mon travail, à en croire ma présence régulière sur le terrain, mes entrées en jeu sur les changements de “diagonale passeur/pointu”, mes apparitions au service, ou mes titularisations. Forcément, ça donne envie de revivre encore ces sensations en Bleu. Je vais rester en condition et si, évidemment, je ne souhaite aucun mal à Benjamin (Toniutti) ou Antoine (Brizard), je reste à disposition du coach s’il doit faire appel à moi. Mais ce n’est pas ce qui est prévu. »
Laurent Génin