« Le bio, un choix individuel et personnel »
Jean-Paul Simonnot, céréalier bio à Montepreux, était l’invité de la maison Horsch, à Châteauvillain. Son message essentiel : « il ne faut pas opposer le bio au conventionnel ».
«Faire cohabiter en bonne entente l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique» c’est ce que juge possible Jean-Paul Simonnot, céréalier bio dans la Marne. Ayant connu les deux types d’agriculture, il prêche la bonne parole, sans langue de bois, lors de conférences. Il travaille sur 195 ha auxquels il faut en ajouter 45 en tant que prestataire. Il emploie 2,3 UTH en moyenne avec des pics lors des périodes de désherbage.
Son histoire : Jean-Paul Simonnot s’est installé en 1983, sur 80 ha de grandes cultures. En 1992, il arrête le labour dans le but de diminuer ses coûts de mécanisation. En 2001, il profite des contrats bio de l’époque (CTE) pour convertir 60 ha et planter des haies. En 2010, il passe en bio 75 ha supplémentaires en voyant la filière se structurer et apparaître les certifications. Du coup, il arrête la production de betteraves et introduit le chanvre dans sa rotation. En 2013, la conversion est totale et aujourd’hui, il a un projet de diversification avec la filière “Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales”.
Pour lui, le passage au bio correspond à un malaise profond, chaque année, lorsqu’il sortait son pulvé même si, déjà, il avait allégé les doses de 50 %. Il voulait également sortir du contexte de l’agriculture de plus en plus mondialisée avec des mauvais prix de vente, des intrants coûteux et dangereux et des fluctuations. Il voulait être en phase avec les attentes sociétales et environnementales. Il donne trois chiffres pour expliquer son choix : « en 1983, la tonne de blé en conventionnel était payée 200 €. En 2017, elle est tombée à 160. Dans le même temps, la bouteille de champagne est passée de 7,62 € à 15 € et la baguette de 0,30 € à 0,87 € ».
Jean-Paul Simonnot parle de choix individuel et personnel mais aussi d’une plus grande technicité. Il apporte l’azote via la culture de légumineuses. Il emploie davantage de semences fermières et la fertilisation passe par des fientes de poules et l’emploi de vinasse. Il a dû également augmenter la main-d’œuvre sur la ferme pour le problème central en bio : la maîtrise des mauvaises herbes avec, notamment, des désherbages manuels sur des dizaines d’hectares ou l’emploi de nouveaux outils comme la bineuse à caméra qui repère les lignes de semis. L’alternance de cultures de printemps et d’hiver est également un bon moyen pour lutter contre les mauvaises herbes.
Au niveau de l’assolement, la luzerne couvre un quart de la surface totale pour son caractère nettoyant. Ensuite, les cultures sont multiples : chanvre, blé, avoine, orge d’hiver, lentillon et seigle, triticale, trèfle, lentilles vertes et œillettes.
Au bout du compte, les rendements sont très corrects avec, sur 6 ans, 32 à 45 q/ha en blé, 45 q en orge d’hiver, 30 q en pois, 47 q en triticale et 10 en lentilles. Précision : Jean-Paul Simonnot est dans la Marne ! Avec un coût de production plus élevé mais également des prix de vente plus haut, les marges brutes sont excellentes : 425 €/ha pour le blé, 340 pour le pois et même 1 400 pour les lentilles.
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