Le belvédère du guetteur

LES MURS ONT LA PAROLE. Nous avons évoqué dimanche dernier l’incendie qui toucha la cathédrale le 24 septembre 1940, faisant disparaître l’échauguette du guetteur placée au sommet de la tour sud. Reprenons le fil de notre histoire. Les journaux de l’époque nous éclairent sur l’utilité de cet édifice… 

Avant la Révolution, le service du guet se faisait au clocher de l’église Saint-Pierre, qui se dressait face à la cathédrale. Une des cloches, “la guette”, y était affectée, d’après cette inscription originale qu’on lisait, en latin et en français, sur ses flancs : « Je sonne l’heure et tiens la garde, Et si au feu, à l’ennemy, Un chacun j’arme aussi. Mai 1595 ».

Quand Saint-Pierre fut démolie, “la guette” passa dans la tour sud de la cathédrale Saint-Mammès et, avec elle, le guettier qui parait avoir eu son premier logement dans le beffroi même de la dite tour. Mais de là on ne pouvait voir toute une partie de la ville masquée par la tour nord. Le conseil municipal décida donc, le 20 février 1806, d’établir sur la plate-forme même de la tour sud, la cloche et son guettier. A cet effet, « une tour de 32 pieds d’élévation y sera construite, en bois, de forme ronde ; la loge du guettier sera revêtue en briques sur champ et en plâtre pour qu’il puisse l’habiter dans tous les temps ; et la cloche sera placée immédiatement sous ses pieds afin qu’elle puisse être mieux entendue par toute la ville ».

On décida de pratiquer dans la voûte de la plate-forme une ouverture circulaire pour le passage de la cloche. Ce trou est devenu béant lors de l’incendie, laissant tomber des poutres enflammées du sommet sur les cloches. La loge, construite en 1806, par le sieur Rouget, charpentier, sur les plans de Mr Battonot, architecte, avait coûté 4 000 francs. Elle abrita la cloche municipale de 1807 à 1868, sauf le temps nécessaire à la refonte qui en fut faite en 1810 et 1828. Cette cloche sonnait l’angelus, le tocsin et le marché.

En 1868, l’ancienne “Guette” quitta définitivement le belvédère pour une troisième refonte. Elle revint occuper sa place première au beffroi de la tour sud, où elle sert maintenant de bourdon. La suite dimanche prochain…

De notre correspondante Angélique Roze