Le baluchonnage perdurera-t-il en 2024 ?
L’ADMR interpelle les parlementaires haut-marnais au sujet du baluchonnage, un service expérimental offrant du répit aux aidants familiaux et dont l’avenir est incertain au-delà du 31 décembre 2023.
Ce 3 novembre, l’équipe de la Fédération ADMR de Haute-Marne avait convié les quatre parlementaires haut-marnais en ses murs, à Chaumont. Objectif : les sensibiliser au sort réservé à l’expérimentation du baluchonnage.
En mars 2019, l’association a répondu à l’appel à projets et s’est portée candidate pour expérimenter ce système venant du Canada et permettant d’offrir du répit aux aidants familiaux, qu’il s’agisse des époux, enfants ou parents. L’idée est d’assurer le relais du proche qui peut ainsi prendre du temps pour d’autres obligations ou simplement souffler un peu. Un service assuré par une seule et même personne, formée à ces fins et qui arrive au domicile avec ses valises – son baluchon – et peut y rester entre trois et six jours, nuit comprise.
Dérogation au droit du travail
Cette expérimentation a bénéficié d’une dérogation au droit du travail pour permettre à un même salarié – une « relayeuse » dans le jargon – de travailler six jours et six nuits d’affilée. Du fait du Covid, l’expérimentation a été plus longue à être mise en œuvre et a donc été allongée. Elle doit prendre fin au 31 décembre 2023. Et pour la quarantaine de structures qui se sont lancées dans l’aventure à l’échelle de la France ou ceux qui ont bénéficié de ce service, c’est l’incertitude.
« C’est pour cette raison que nous interpellons les parlementaires », indique Michel Huard, président de la Fédération ADMR de Haute-Marne en présence des représentants des députés Laurence Robert-Dehault et Christophe Bentz et du sénateur Bruno Sido.
Pour la directrice de la Fédération ADMR, Christine Livenais-Perrot, la question de la dérogation accordée dans le cadre de l’expérimentation est capitale. « Sans cette dérogation, on ne pourrait plus intervenir plus de 12 heures au domicile d’un aidé. Il faudrait démultiplier les aidants et tout l’avantage est justement de donner les consignes à une seule personne. »
Le Département toujours partant pour aider le baluchonnage
Salariée de l’ADMR en charge du dossier du baluchonnage, Cindy Ragot pointe également les aides financières systématiquement recherchées pour financer le reste à charge des bénéficiaires de ce service qui se chiffrerait à quasiment 3 000 € pour six jours et six nuits. « Personne ne pourrait payer sans aides, reprend-elle, heureusement, le Département apporte un financement pour diminuer ce reste à charge… » Un coup de pouce financier accordé uniquement aux ressortissants de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA).
Pour l’heure, sept salariés de l’ADMR (volontaires) assurent le relayage. « Ils aiment ce qu’ils font, c’est une autre manière de travailler », complète la directrice. En contrepartie d’interventions de six jours consécutifs, ces salariés bénéficient de quasiment trois semaines de récupération.
Alors, quid du baluchonnage d’ici quelques semaines ? « Cela inquiète déjà certaines familles pour lesquelles c’est le seul moyen d’avoir du répit », conclut Cindy Ragot. A l’ADMR, tout le monde compte sur les parlementaires pour se saisir du dossier.
S. C. S.
s.chapron@jhm.fr