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Le 200 m, Lemaître n’en fait pas une montagne

Les séries du 200 m, dont Christophe Lemaitre constituera l’une des attractions, débutent aujourd’hui. A Londres, le Français sera l’un des rares espoirs de médaille tricolore. Une pression qui n’atteint pas le sprinter, en marge du star-système. Récit de son quotidien au pied des montagnes savoyardes, à Aix-les-Bains, où il s’entraîne avec Pierre Carraz.

Tout ce tourbillon l’agace. Les Jeux, le remue-ménage, l’agitation médiatique… Pierre Carraz n’a qu’une envie, retourner en Savoie. « Tout ça, c’est du business », lâche-t-il. Dans l’univers formaté des conférences de presse, le discours de l’entraîneur aixois détonne. D’autant plus qu’il est le coach de l’attraction N°1 tricolore, le sprinter Christophe Lemaître, qui débutera ses séries du 200 m aujourd’hui.

« Ça rime à quoi, tout ce ramdam? Avec Christophe, on est aussi bien dans nos montagnes. On a notre tranquillité et tout ce qu’il faut », affirme-t-il.Entraîneur du triple champion d’Europe de Barcelone, médaille de bronze aux derniers Mondiaux de Daegu sur 200 m, Pierre Carraz est un personnage authentique. La fédération et l’INSEP ont voulu le débaucher récemment. Il a refusé les postes qu’on lui proposait.

« Que voulez-vous que j’aille faire là-haut, si loin de mes montagnes ? », justifie-t-il, comme un refrain. C’est donc à Aix-les-Bains qu’il continue d’en-traîner un groupe d’athlètes. A 70 ans, cet ex-décathlonien n’est pas rassasié. Il marche à la passion. Pas à la reconnaissance, ni à l’argent. Il est bénévole et fuit presque la lumière. « Bon, on a beau être à Aix-les-Bains, les médias connaissent la route quand même, rigole-t-il. Mais peut-être qu’on est un peu plus protégés. » Loin du star-système, Carraz, ancien prof d’EPS à la retraite, élève ses champions sans les ménager. Dans le paysage du sport de haut niveau, il est un extra-terrestre.

« Pas une plante de serre »

Christophe Lemaitre n’a pas de chambre à part, pas de traite-ment de faveur. Il a l’essentiel : une piste en herbe, une autre en tartan, une salle de musculation, des infrastructures à la hauteur. « Ce n’est pas en mettant un athlète dans les meilleures conditions qu’on en fait forcément le meilleur, affirme Carraz. L’élever dans du coton, pour moi, ce n’est pas la bonne solution. On finit par en faire une plante de serre, avance-t-il. Or un individu comme ça doit être résistant. Un peu de froid, un peu de neige, ce n’est pas la fin du monde. »

Introverti et timide, Christophe Lemaître semble s’épanouir dans cet environnement en marge. Avec Pierre Carraz, il a tissé de solides liens de complicité. Sa présence à ses côtés le rassure. « Il guide mon échauffement, optimise mon entrée en compétition. Pierre me suit depuis le début. L’avoir avec moi, ça m’apaise, même s’il me prépare à me gérer tout seul en ne venant pas sur les meetings », confie Christophe Lemaitre.

Pierre Carraz embraye : « Je ne sers pourtant plus à grand-chose. Au moment de l’échauffement d’avant-course, le travail est fait. »

La revanche sur l’enfance

L’Aixois a gagné en confiance et pris sa revanche, sur la piste, envers ses petits camarades qui le raillaient souvent à l’école. Envers ses coéquipiers avec lesquels il n’a jamais réussi à s’entendre, en sports collectifs. La découverte de l’athlétisme, en 2005, dans une fête de village à Belley (Ain), totalement par hasard, a changé sa vie. Elle pourrait lui apporter une nouvelle reconnaissance et un nouveau statut, dès jeudi, s’il parvient à glaner une médaille. « Christophe est bien, mieux qu’à Daegu encore. La première série sera un échauffement, une mise en jambes. La demi-finale, j’en attends beaucoup. C’est ce qui va le lancer », confie Pierre Carraz. Aujourd’hui comme jeudi, il n’est pas certain du tout que le coach prenne place dans l’immense stade olympique. La fédération lui a donné une place, uniquement pour le 200 m. « Mais peut-être que je verrai mieux la course du stade d’échauffement »,avance-t-il. L’histoire de sa vie.

De notre envoyée spéciale à Londres : Delphine Catalifaud

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