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Laurent Cartier, l’hymne de nos campagnes

Laurent Cartier a passé sa vie à lutter.

La vie de Laurent Cartier, 69 ans, a été rythmée par ses luttes, syndicales et écologistes. Retraité, il a lâché un peu de lest mais garde ses convictions bien ancrées. 

Il a hésité. Laurent Cartier n’est pas de ceux qui aiment la lumière, d’où le week-end de réflexion qu’il s’est accordé pour répondre à notre proposition de portrait. « Raconter ma vie dans le journal, ce n’est pas très intéressant. En revanche, mettre en lumière mes engagements me paraît important. Voilà pourquoi j’ai accepté », concède-t-il d’emblée, un panier de mirabelles fraîchement cueillies dans les mains.

L’homme se cache derrière ses engagements, même s’il devient assez prolixe sur sa vie personnelle, une fois lancé. Profitons-en pour un CV sommaire. Laurent Cartier est né « dans une famille de cultivateurs relativement aisée », dans la maison juste en face de celle où il habite actuellement, à Sommevoire. À 9 ans, il devient interne à l’Estic de Saint-Dizier, puis intègre le Petit séminaire de Langres. « Je voulais être homme d’église. Ça m’a vite passé », se marre-t-il.

En études supérieures d’agriculture à Lille, il rencontre son épouse Annette, puis s’installe dans une ferme près de Maubeuge. Mais, sentant que ses parents avaient besoin de lui dans l’exploitation familiale, il retourne en Haute-Marne à l’âge de 27 ans. Il ne la quittera plus, faisant fleurir ses engagements pendant des décennies : syndical, à la Confédération paysanne, antinucléaire, « contre la poubelle de Soulaines », et écologiste, mais loin de tout parti politique.

Militantisme à l’armée

Quand a-t-il eu l’étincelle militante ? « Étrangement, pendant mon service militaire. J’ai pris deux mois d’arrêts de rigueur, parce que nous avions jeté notre plateau-repas à la poubelle pour protester suite au décès de deux jeunes soldats », rembobine-t-il. À l’isolement, on lui fait parvenir des livres, contant l’histoire syndicale. De quoi alimenter la flamme.

L’un de ses premiers combats d’envergure a été le soutien des paysans menacés d’expropriation pour l’extension d’un camp militaire dans le causse du Larzac. Un soutien intense, au point de renvoyer ses papiers militaires. « J’ai été condamné à 1 000 francs d’amende, mais j’ai été gracié, donc je n’ai jamais eu à les payer », lance Laurent Cartier, taquin.

Engagement dévorant

Toute sa vie durant, son engagement a été dévorant. « J’avais parfois l’impression qu’il avait une maîtresse, et que c’était la Confédération paysanne », grince son épouse. Et de tempérer : « N’étant pas du tout militante, je ne pourrais absolument pas faire ce qu’il fait. Ses combats étaient importants. »

laurent cartier
Annette et Laurent Cartier, dans leur jardin, à Sommevoire.

« C’était un militant très réfléchi, très engagé mais qui cherchait toujours la solution pour faire passer notre message sans violence », dépeint Yoann Laurent, porte-parole de la Confédération paysanne de Haute-Marne. Même Bruno Sido, aujourd’hui sénateur mais qui a plusieurs fois croisé le fer avec Laurent Cartier en tant qu’ancien président de la FDSEA, garde « un bon souvenir de lui. C’était un homme de convictions, et nous en partagions certaines, notamment la défense des agriculteurs ».

S’il a été, et qu’il est encore, de tous les combats, Laurent Cartier a bien du mal (par humilité ?) à citer une de ses victoires. En revanche, ne s’être jamais déplacé à Notre-Dame-des-Landes est pour lui « un regret, parce qu’ils étaient vraiment précurseurs dans leur manière de concevoir l’agriculture ».

Repos mérité

Soyons clairs. Laurent Cartier n’a pas disparu du milieu syndical en partant à la retraite. Il est toujours membre de « la Conf’ », sous les couleurs de laquelle il a battu le pavé bragard lors des marches contre la réforme des retraites cette année. Il garde aussi un ancrage associatif fort, notamment comme membre du conseil d’administration de SOS Femmes Accueil. Et l’écologie guide toujours sa vie. « Si on ne met pas un terme à l’agriculture intensive, on court à notre perte. Le changement climatique sera hors de contrôle », grommelle-t-il.

Ce qu’il aime faire par-dessus tout, maintenant, c’est « récolter ce que la nature (lui) offre, aller au cinéma, et lire deux quotidiens, Le Monde et le JHM [merci, ndlr] ». Il découvre aussi des musiques, par l’intermédiaire d’une de ses filles. Son dernier coup de cœur ? Dominique A. Des paroles en particulier ? « Nous n’irons bien qu’avec les autres. Nous n’irons loin qu’avec les autres. »

Dorian Lacour

d.lacour@jhm.fr

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