L’ascension rapide de la Vallée
L’ETE EN PENTE MOUSSE (3). Notre série sur les micro-brasseurs se poursuit avec une étape dans la Vallée de la Marne. A Chatonrupt-Sommermont, Nicolas Lavallois a ouvert en décembre dernier sa brasserie de la Vallée. Visite guidée.
A visiter le showroom et l’atelier de préparation des bières, difficile d’imaginer qu’il y a moins de trois ans se trouvait ici une vieille grange. « C’était pourri », se souvient, amusé, Nicolas Lavallois. Le jeune homme originaire de Cousances-les-Forges, et sa femme de Breuil-sur-Marne ont investi ici, au n°15 de l’avenue de la Marne à Chatonrupt-Sommermont, pour pouvoir ouvrir la micro-brasserie de la Vallée.
Bouche-à-oreille
Après plusieurs mois de travaux, réalisés par leurs soins, après le travail et les week-ends, le pari était gagné : transformer la grange en un espace industriel chic, entre magasin cosy à l’entrée, fûts avec panneaux ludiques dans la seconde partie. « On a visité l’endroit, on a saisi l’opportunité », se souvient le pâtissier de formation, qui a travaillé dans le vignoble champenois plusieurs années ainsi que dans une entreprise de transports. « Je préfère avoir plusieurs cordes à mon arc », assure celui qui a suivi une formation de brasseur à Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle) avant de se lancer. Les travaux achevés, les premiers brassins aussi, la brasserie de la Vallée ouvrait juste avant Noël 2021. « On n’a pas fait ça parce qu’il y avait un train à prendre. C’est juste que l’on a visité une brasserie et ça nous a donné envie de le faire. »
Point de réseau social ou de site internet par ici. Nicolas Lavallois voulait simplement un magasin, pour échanger avec les clients. Les premiers d’entre-eux se sont arrêtés en passant devant la jolie devanture, elle aussi « fait maison » puisque l’épouse du brasseur est infographiste. Le bouche-à-oreille fait son effet et Nicolas commence à avoir sa clientèle. « Il y a du passage ici, entre les motards, les gens qui travaillent dans les entreprises de la vallée, Vecqueville, Joinville, et de l’autre côté, Eurville… ça circule ! Tous les gens du Vallage passent par le Vallage ! » Ses bouteilles sont ainsi partagées, dégustées entre amis ou dans la famille. « C’est aussi ça que j’aime voir, des gens qui échangent avec nous, qui discutent. Qui me disent « j’aime pas trop celle là, je préfère ce style »… »
Une triple en préparation
Blonde, houblonnée (IPA), brune, blanche, et plus surprenantes, impériale – qui se rapproche de la Guinness mais moins amère et avec plus de parfum et de rondeur – et biscuit, « une bière qui procure un arôme malté ainsi que des arômes de céréales et de biscuit », il y a du choix. Et puis à chaque saison sa petite nouveauté, la Noël, la bière de Mars ou encore, la blanche d’été, « citronnée, à la verveine et au thym ». Actuellement, le brasseur s’attelle à la préparation d’une bière triple pour l’automne. L’élixir en est à sa deuxième fermentation. « C’est là que tout va se créer. »
Nicolas prendra le temps qu’il faudra pour arriver à un produit bien mûr, abouti. Celui qui se définit comme « novice, on démarre tout petit » a pour le moment atteint son premier objectif, celui « d’ouvrir une brasserie à mon style ». Et en moins d’un an, il a fait sa place. il lui faut désormais durer, ce qui ne semble pas poser problème. « La seule complication, c’est d’être patient. C’est ce qui paye. Si on veut accélérer le processus, à la sortie, il y aura un loupé. Après, tout le monde fait au moins une connerie par jour, c’est comme ça qu’on apprend ! »
Pour le moment, le jeune homme n’en a pas fait beaucoup. Pour preuve, il arrive à sortir à chaque brassin de bonnes bières, avec du caractère et de la profondeur. « Une bière artisanale, ça doit être comme un bon vin que l’on boit avec sa compagne, avec le palet le plus neutre possible pour apprécier. » Entendu.
N. F.