L’art de se placer – L’édito de Patrice Chabanet
Certains se refusent à faire connaître leur intention, d’autres préfèrent prendre les devants en annonçant déjà leur candidature, histoire de se placer ou de couper l’herbe sous le pied d’éventuels concurrents. La campagne de l’élection présidentielle de 2022 a bien commencé. Hier, c’est Xavier Bertrand, président des Hauts de France qui a redit son intention de se lancer dans la bataille. Visiblement, il exclut toute candidature de François Baroin. Problème : il n’est plus membre des Républicains. Si ces derniers faisaient de Bertrand leur candidat, ils rendraient manifeste leur impossibilité d’être présents en tant que tels dans le combat présidentiel. Un aveu de faiblesse impressionnant pour un parti de gouvernement.
A gauche, plusieurs leaders ont des fourmis dans les jambes. Tous savent que s’ils se présentent en ordre dispersé, les chances de figurer au second tour sont nulles. Mais les ambitions rendent aveugles. Sauf au PS : le premier secrétaire n’y croit pas et se contenterait volontiers de soutenir un candidat des Verts. Mais les écolos restent fidèles à leur réputation : donneurs de leçons et querelleurs. Leur principal adversaire, c’est eux-mêmes. Ils ont fait un très bon score aux municipales, mais très vite ils ont sombré dans des annonces délirantes : plus de sapin de Noël à Bordeaux, attaques sans concession contre le Tour de France. De quoi faire fuir les électeurs de la gauche modérée. Quant à Jean-Luc Mélenchon ses prises de position clivantes lui interdisent d’être le candidat d’un gauche unie.
Par déduction, et dans l’état actuel des forces en présence, deux candidats semblent émerger : Emmanuel Macron et Marine Le Pen. A moins qu’un troisième larron surgisse au dernier moment de nulle part. Pour le moment, si l’on en croit les sondages, les Français s’attendent à une revanche de 2017, tout en la déplorant. Clairvoyants mais sceptiques.