L’après… de l’après – L’édito de Christophe Bonnefoy
Impossible aujourd’hui de tirer des plans sur la comète. Et pour cause. Si le mot Covid-19 est quasiment passé dans le langage courant, le combat qui anéantira le fichu virus se nourrit, lui, de trop d’incertitudes.
Il n’y a guère que les experts, proclamés ou autoproclamés, pour s’essayer à des théories plus ou moins sérieuses. Tout juste est-on capable, actuellement, de gérer tant bien que mal. Mais pas d’avoir une vision, ne serait-ce qu’à court terme. Certains politiques, pas tous, nous assènent des phrases toutes faites : « Rien ne sera plus jamais comme avant ». Voilà qui veut à la fois tout et rien dire, même si, c’est une évidence, cette pandémie mondiale va nécessairement rebattre les cartes. Mais en l’occurrence, les beaux parleurs ont des visions plus électoralistes que sociétales.
Le 11 mai, c’est proche. Personne, pourtant, ne peut dire ce que sera le jour d’après. Encore moins de quoi seront faits les mois et les années qui suivront. Une étude américaine se projette néanmoins jusqu’en 2022, avec une bonne dose de pragmatisme. Dans l’hypothèse d’un vaccin qui se ferait attendre, des chercheurs de Harvard n’écartent pas la possibilité de périodes régulières de confinement et de mesures ponctuelles de distanciation sociale. Ici, pas d’intérêts financiers qui viendraient biaiser le raisonnement. Juste un constat. Quand bien même le confinement permettrait, à terme, de ralentir sa propagation, il ne réduira pas le Covid-19 à l’état de poussière. Sur le principe d’une saisonnalité – probable -, le mal pourrait se rappeler à nous chaque année. En ce sens, la logique nous impose de nous préparer pour longtemps à vivre différemment. Et à ne pas seulement penser à l’avenir proche. Mais à l’après… de l’après.