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L’année Leclerc (1) : le combattant de Perthes

Le char du sous-lieutenant Géminel, touché de plein fouet entre Sapignicourt et Perthes. (Photo M. Godard/Collection club Mémoires 52).

HISTOIRE. Le héros de la France libre aurait eu 120 ans cette année. L’homme a eu l’occasion de se battre à deux reprises dans le département de la Haute-Marne : en juin 1940 et en septembre 1944. Et nombre de Haut-Marnais ont servi sous ses ordres. Premier volet d’une évocation du parcours de ce preux.

14 juin 1940. L’armée française ne cesse de décrocher. Paris a été déclarée ville ouverte. Saint-Dizier, également, vient de tomber au petit jour, prise par les troupes de la 1. Panzer-Division. Mais ceci, d’autres unités blindées – françaises, celles de la 3e division cuirassée de réserve –, qui ont reçu pour mission, ce 14 juin au matin, de défendre des ponts sur la Marne, entre la cité bragarde et Vitry-le-François, l’ignorent.

Un détachement de chars et de chasseurs à pied confié au jeune sous-lieutenant Maurice Géminel, un Meusien de 20 ans, reçoit pour mission de se battre « sans esprit de recul » à Larzicourt, Hauteville, Blaise, et si possible d’atteindre Perthes, que les Allemands ont pris la veille. C’est entre Sapignicourt et Perthes que les combats sont les plus violents : le char de Géminel est touché, son pilote, Camille D’Andréa, est tué, tandis qu’un sous-officier de chasseurs, le sergent Marius Gay, est mortellement blessé, à Perthes.

Ordre de repli

C’est un échec, le village ne sera pas repris. Mais ce que révèle un document conservé par le Service historique de la Défense à Vincennes, c’est le nom de l’officier d’état-major venu se rendre auprès des chasseurs à pied pour leur apporter un ordre de repli : « Si vous le pouvez sans accrochage grave, leur recommande-t-il, attendre la tombée de la nuit pour exécution du repli, sinon opérer par bonds successifs sur les trois axes… » Cet officier d’état-major de la 3e division cuirassée, c’est un certain capitaine Philippe de Hauteclocque.

Présent à l’Appel

Philippe de Hauteclocque est né le 22 novembre 1902 dans un château de Picardie. Brillant élève, il se destine à la carrière militaire. Sorti cinquième de sa promotion « Metz et Strasbourg » – un nom de baptême qui aura son importance -, il sert essentiellement comme officier instructeur de cavalerie, n’hésitant toutefois pas à se battre au Maroc. Capitaine à l’âge de 32 ans, stagiaire à l’Ecole de guerre, il débute la guerre comme officier d’état-major d’une division d’infanterie.

Fait prisonnier le 29 mai 1940, le fils du comte de Hauteclocque parvient à s’évader et à rejoindre l’état-major d’une division cuirassée. Ce qui l’amène à se battre au nord de Saint-Dizier. Le lendemain, il est blessé à Magnant, dans l’Aube.

Après cette blessure, l’officier cherche à tout prix à éviter la capture. Réfugié à Paris, le capitaine de Hauteclocque décide, après avoir pris connaissance de l’Appel du général de Gaulle, de le rejoindre. Le 26 juin 1940, il est en Espagne. Un mois plus tard, il est en Angleterre, se plaçant sous les ordres du jeune général de brigade haut-marnais qui le nomme commandant. Par mesure de sécurité pour les siens restés en France, Philippe de Hauteclocque prend le pseudonyme de Leclerc. L’épopée commence. (A suivre).

L. F.

Hauteclocque, dit de Rennepont

Il s’appelle de Hauteclocque, mais se prénomme Pierre. C’est le cousin germain de Philippe. Fils d’un lieutenant-colonel tué en 1914, Pierre de Hautecloque a également rejoint la France libre. Il était même un des vainqueurs de Koufra, sous les ordres de son illustre parent. Mais lui a pris pour nom de guerre « de Rennepont ». Pour quelle raison cet enfant de la Somme a-t-il choisi ce patronyme typiquement haut-marnais ? Parce que c’était le nom de sa mère. Laquelle descendait en effet d’une illustre famille du département, les Pons de Rennepont. D’ailleurs, le bisaïeul de l’officier, qui sera Compagnon de la Libération en 1941, était né à Roches-sur-Rognon. Source : Le Figaro du 28 janvier 1902.

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