L’année 1944 en Haute-Marne : du 1er au 7 avril 1944
La police française avait récupéré, en février 1944 à Nancy, des documents les concernant. L’ancien résistant Gaston Renaudin, qui collabore désormais avec la Feldgendarmerie de Vesoul, détient également de précieuses informations à leur sujet. Début avril 1944, la police allemande de Chaumont décide de lancer une opération contre les résistants FTP et FN du secteur de Bourbonne-les-Bains. Elle cherche d’abord à mettre la main sur un « chef de la région de Dijon », Raymond Peigney, communiste qui s’est effectivement réfugié dans la cité thermale. Mais, le 5 avril 1944, l’homme s’est échappé et s’est caché dans les Vosges voisines. En revanche, les Allemands arrêtent son frère, Gaston Peigney, ainsi que le photographe Henri Corthier. L’opération se poursuit à Neuvelle-lès-Voisey où la Sipo-SD interpelle Maxime Grandgérard, Alphonse Gourlot, Michel Balandier, et surtout l’ébéniste André Henriot, qui a hébergé d’importants militants communistes chez lui (Marcel Mugnier, Marcel Servin, Marius Cartier, entre autres) et qui cache à son domicile une imprimerie clandestine.
« Bonjour Jacqueline »
A Voisey, où elle est arrêtée avec son père Ernest, la jeune Jacqueline Goustiaux, qui n’a que 17 ans, constate avec stupéfaction, en montant dans la voiture qui l’emmène à Chaumont, d’y retrouver son ancien chef Gabriel Szymkowiak, alias Bacchus. Elle était en effet agent de liaison des Francs-tireurs et partisans français, et sa famille ravitaillait, à la barrière de Voisey, plusieurs Russes ayant rejoint la Résistance. « « Bacchus » me dit « bonjour Jacqueline », témoigne-t-elle. Je lui ai répondu que je ne le connais pas. C’est alors qu’il me répliqua : « Tu apprendras à me connaître ». »
Tous ces habitants – comme Louis Masson et Marius Claudel, de Voisey, arrêtés le même jour, puis Cécile Peigney, l’épouse de Raymond, le surlendemain – sont conduits à Chaumont pour interrogatoires.
Parmi les évènements de cette première semaine d’avril, signalons, le 1er, l’entrée en fonction d’un nouveau Feldkommandant, le général-major Manfred Müller-Arles ; le 5 avril, la découverte, sur la voie ferrée à Chaudenay, du corps d’un prisonnier français, Julio Fami ; le lendemain, le transfert, à la prison de Châlons-sur-Marne, de plusieurs résistants détenus au Val-Barizien dont Martial Bel ; le 7 avril, l’arrestation, en Auvergne, du Bourmontais Guy Thomas, médecin, pour faits de résistance. Futur maire de Riom, il est déporté.
L. F.