Langres : la sagesse poulpe fait mouche !
La compagnie Préface présentait, vendredi 19 novembre 2021, sur la scène du théâtre de Langres, son nouveau spectacle “Le Poulpe, moi et les autres” devant un public qui n’a pas boudé son plaisir face à cette allégorie, pleine d’humour, autour des monstres d’aujourd’hui.
Un lit trône au centre de la scène. Une jeune femme, interprétée par Marion Sancellier, arrive et se prépare à se coucher. Et c’est là que tout commence. La belle endormie rêve… A peine partie dans les bras de Morphée, un poulpe s’invite dans son lit et dans ses rêves. « Un monstre ! » De quoi faire peur et réveiller un mort. Mais non, puisque c’est un rêve. Et d’ailleurs, dans ses rêveries, le monstre n’est pas forcément celui que l’on croit… En effet, au fil de sa “nuit” la rêveuse passe d’un univers à l’autre, toujours accompagnée de son poulpe qui, finalement, devient rassurant et sage.
« Les monstres des élèves sont les maux de notre société »
En résidence au lycée polyvalent Denis Diderot, la compagnie Préface a créé cette allégorie sur les monstres de notre société à partir des échanges avec les lycéens. « Les monstres des élèves sont les maux de notre société, comme le racisme, l’homophobie, le diktat de la mode ou le harcèlement. Tout cela a nourri nos propres réflexions et nous en avons fait un spectacle que l’on vous présente ce soir », a d’ailleurs introduit Sylvain Chiarelli, comédien et metteur en scène de la compagnie de Langres.
« Il est belle avec ses couettes, pourtant il a une quéquette ; elle est belle en salopette, pourtant elle a une zézette » La ritournelle, mise en musique par le poulpe et sa contrebasse et chantée avec une voix d’enfant est drôle, pourtant, elle met une claque aux étiquettes de genre ou vestimentaires. « Une crème minceur à 299 € le tube de 30 ml, payable en plusieurs fois… » Une autre claque sur la société de consommation.
« Bousculant »
Le moins que l’on puisse dire est que ce poulpe contrebassiste est pour le moins bousculant… Notamment lorsque le rêve devient cauchemar et aborde la question des migrants et du racisme très prégnant aujourd’hui sur tous nos écrans. Dans la salle, le public répond par des rires francs ou des silences lourds de sens…
Une fois le rideau tombé, les avis s’échangent et il semble que le message ait fait mouche. « Fantastique ! Ce duo et la façon dont il se répond est génial. Sans parler de la souplesse de Marion qui devient peu à peu poulpe, elle aussi. En plus, ils mettent en scène les monstres de lycéens, c’est d’autant plus fort », estime Blandine. « C’est un peu bousculant, notamment la partie sur les migrants. C’était fort. On est entre le rire et la gêne », pense Tom. Quant à Alexandra et Emmanuelle, elles suivent la compagnie depuis longtemps et cette création les a totalement séduites : « On est pris du début à la fin dans ce rêve. » La sagesse du poulpe l’emporte.
Patricia Charmelot