Langres : la course aux carburants continue
Livrées au compte-goutte, les stations-services sont prises d’assaut et de longues files d’attentes se forment très rapidement jusqu’à engendrer des gênes à la circulation. Une situation qui, malgré tout, est prise avec une certaine philosophie par les habitants.
« Cela fait trois ou quatre jours que je tourne pour trouver du gasoil. Ce matin j’ai appris qu’il y en avait dans cette station, donc je suis venu », sourit Younès. Comme lui, d’autres automobilistes font la queue à la station Avia, avenue Turenne qui avec l’Intermarché des Franchises ont été réapprovisionnés. « Nous sommes allés jusqu’à Longeau hie et il n’y en avait plus. Même à Dijon il n’y en avait plus beaucoup non plus. Aujourd’hui on n’en trouve ici, mais ça fait quelques jours que nous tournons », note un couple.
« Nous avons été livrés jeudi midi, mais j’ai bien peur que nous n’ayons plus rien aujourd’hui à la même heure. Dès que nous recevons du carburant nous sommes pris d’assaut et nous avons même dû couper les pompes le soir lorsque nous ne sommes plus là car nous nous sommes aperçus que certains venaient la nuit remplir des jerricans. En plus, nous avons décidé de conserver une réserve de carburant pour les services de secours, donc nous sommes vigilants », explique la gérante. Et ce n’est pas sa seule préoccupation : « Il y a parfois la queue jusqu’au rond-point des Etats-Unis et je crains l’accident. »
Pour autant, certains clients font preuve de civisme en se garant un peu plus loin lorsqu’ils se sont servis pour permettre à d’autres d’avancer et limiter la casse.
« Je fais comme tout le monde : je patiente »
A l’Intermarché, même chose : les voitures affluent et des files d’attente débordent sur le parking qui devient presque difficile d’accès. « Ça devient compliqué, mais j’ai quand même pu faire mon plein aujourd’hui. J’ai une amie qui avait une urgence et qui a dû aller à la station-service sur l’autoroute à Perrogney ! », note Mohamed. Malgré tout, les clients se montrent assez patients et restent calme. « Cela fait deux jours que je suis sur la réserve et aujourd’hui, il fallait absolument que je trouve du carburant. J’ai appris qu’il y en avait aujourd’hui donc maintenant que je suis là, je fais comme tout le monde : je patiente », sourit un des automobilistes.
Un peu plus loin c’est un taxi qui attend. Sa conductrice aussi prend son mal en patience : La gérante de la station Avia voit son stock fondre comme neige au soleil : « Nous avons même dû couper les pompes le soir car nous nous sommes aperçus que certains viennent la nuit remplir des jerricans. Dans la profession, nous sommes assez solidaires sur ce point et partageons les infos sur les stations qui sont ouvertes, du coup on court un peu moins. Avec tout ce qui va mal en ce moment il est normal que les gens se défendent. Je pense même qu’il faudrait que tout le monde se mette en grève, on serait peut-être enfin entendus ! »
En attendant, le casse-tête devrait durer encore un moment…
Se tourner vers d’autres options
Dans ce contexte, certains sont bien contents d’avoir opté pour le GPL : « Je suis passée au GPL il y a deux ans et demi et je ne le regrette pas, d’abord parce que cela me coûte moins cher et ensuite parce que je suis moins soumise à ce genre de tensions. On trouve désormais assez facilement du GPL », sourit une automobiliste.
Comme elle, beaucoup étudient d’autres alternatives comme l’électrique, le GPL ou l’E85. Et cela a commencé dès que le prix des carburants et qui a donné lieu au mouvement des Gilets jaunes. L’essence atteignait, alors les 1, 50 €… Aujourd’hui, le diesel a franchi la barre des 2 € et les ménagers, déjà bien essoufflés par les différentes augmentations craignent pour leur pouvoir d’achat. Dès lors, un investissement de 700 € pour faire passer un véhicule de l’essence au E85 ne semble plus si invraisemblable.
Patricia Charmelot
p.charmelot@jhm.fr