Langres : aux RPL, lumière(s) sur la justice
Dans le cadre des Rencontres philosophiques de Langres et sur organisation des Amis des musées, le président de la Société Diderot Stéphane Pujol a proposé mardi 05 octobre 2021, une conférence au musée d’art et d’histoire sur le thème “Penser la justice à l’âge des Lumières”.
Dans cette intervention réalisée devant un public venu en nombre, Stéphane Pujol, par ailleurs professeur à l’université de Toulouse Jean-Jaurès, est revenu sur l’évolution de la justice française au XVIIIe siècle. Sous l’influence des philosophes des Lumières, en pointe sur les questions de justice et surtout d’injustice, quelques timides réformes ont été menées vers la fin de la monarchie absolue. « Le chancelier Maupeou, sous Louis XV, a tenté de rendre la justice gratuite, unifiée et publique. Mais, dès son accession à la royauté, Louis XVI a rétabli la justice d’Ancien régime, de droit coutumier, et avec ses conflits entre les tribunaux seigneuriaux, royaux, etc. Il faudra attendre la Révolution de 1789 pour des changements considérables », a exposé l’orateur.
Montesquieu, référent-justice des Révolutionnaires
Ces changements, les révolutionnaires les ont, comme sur tant d’autres sujets, puisé dans la philosophie des Lumières diffusée durant les décennies précédentes. Sur le thème de la justice, le Langrois Denis Diderot n’est pas, il faut le reconnaître, celui qui a été le plus en pointe. Montesquieu, qui a théorisé la séparation des pouvoirs, et surtout le principe d’indépendance de la justice, est incontestablement la référence des révolutionnaires, aux yeux de Stéphane Pujol.
Le fondateur Cesare Beccaria
Voltaire a également eu un rôle important, notamment par sa dénonciation de la célèbre affaire Calas, qui, à l’instar de Dreyfus 130 ans plus tard, demeure aujourd’hui un symbole emblématique de l’arbitraire et de l’injustice. La plus grande influence, y compris sur Voltaire, vient cependant d’Italie. En 1764, le jeune juriste italien Cesare Beccaria publie “Des délits et peines”, un ouvrage aujourd’hui considéré comme fondateur. Principes de légalité, de non-rétroactivité de la loi pénale plus dure, ou encore présomption d’innocence, et même -extraordinaire pour l’époque- abolition de la peine de mort : Cesare Beccaria a tracé les grandes lignes de ce qui est encore aujourd’hui la matrice de notre justice.
Nicolas Corté
n.corte@jhm.fr